Les bureaux de vote ont ouvert samedi matin en Libye pour l'élection de la première assemblée nationale de l'ère post-Kadhafi, dans une ambiance festive malgré un contexte de tensions et de violences.
Les bureaux de vote ont ouvert samedi matin en Libye pour
l'élection de la première assemblée nationale de l'ère post-Kadhafi,
dans une ambiance festive malgré un contexte de tensions et de
violences. Plusieurs bureaux de vote n'ont pas ouvert dans l'Est de la
Libye à cause de perturbations provoquées par des militants autonomistes
réclamant une meilleure répartition des sièges de l'assemblée entre les
régions, ont annoncé deux responsables.
Les bureaux de vote concernés se trouvent à Ajdabiya, à 160 km au
sud-ouest de Benghazi, la principale ville de l'Est, et dans des villes
oasis comme Jalo et Ojla, dans le sud-est de la Libye, selon ces
responsables.
Huit mois après la fin du conflit armé qui a provoqué la chute puis
la mort de Mouammar Kadhafi, quelque 2,7 millions d'électeurs sont
appelés à choisir les 200 membres du "Congrès national général", où les
islamistes espèrent remporter le même succès que leurs voisins tunisiens
et égyptiens. A Tripoli comme à Benghazi, la grande ville de l'Est
berceau de la révolte de 2011, les bureaux de vote voyaient passer un
flot nourri d'électeurs ravis de participer aux premier scrutin national
en près d'un demi-siècle.
"Ma joie est indescriptible. C'est un jour historique", a déclaré
Fawziya Omran, 40 ans, en patientant devant le bureau de vote de l'école
Ali Abdullah Warith, dans le coeur de la capitale libyenne. "Je me sens
un citoyen libre. Ca résume tout", s'est réjoui Ali Abdallah Derwich,
80 ans, venu en chaise roulante et incapable de se rappeler la dernière
fois où il a été invité à se prononcer sur la vie de son pays.
Certains électeurs étaient venus avec les drapeaux noir, rouge et
vert de la révolution, et les mosquées faisaient résonner à toute
puissance les "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand) tandis que les
concerts de klaxons se succédaient dans les rues. La joie était tout
aussi palpable à Benghazi, malgré les appels au boycott et au sabotage
du scrutin lancés par les partisans d'une plus grande autonomie de
l'Est, qui dénoncent la répartition des sièges au sein de la future
assemblée (100 sièges pour l'Ouest, 60 pour l'Est et 40 pour le Sud).
"J'ai le sentiment que ma vie a été gâchée jusqu'à présent, mais
maintenant mes enfants auront une vie meilleure. Tout ce dont ils ont
besoin, c'est d'une impulsion, et je crois que les nouveaux dirigeants
donneront cette impulsion", a déclaré Hueida Abdul Sheikh, 47 ans, parmi
les premières à aller voter. Youssef Amer Ali, un policier de Benghazi,
a expliqué avoir voté pour "la paix et la sécurité", dans l'espoir que
"tous les Libyens vont réaliser leurs rêves dans ce nouveau pays".
Nouvelle période de transition
Les bureaux de vote resteront ouverts jusqu'à 20H00 (18H00 GMT), et
les résultats préliminaires devraient être annoncés "à partir de lundi
ou mardi", selon la Commission électorale. Avec 3.702 candidats et plus
de 100 partis en lice, les pronostics sont difficiles, mais trois
formations sortent du lot: les islamistes du Parti de la justice et de
la construction (PJC), issu des Frères musulmans, ceux d'Al-Watan,
dirigés par l'ex-chef militaire controversé de Tripoli Abdelhakim
Belhaj, et les libéraux réunis dans une coalition lancée par
l'ex-Premier ministre du Conseil national de transition (CNT, au
pouvoir) Mahmoud Jibril.
Avant le scrutin, la semaine a été marquée par des tensions dans
l'Est, qui ont culminé vendredi avec la mort d'un fonctionnaire de la
Commission électorale dans un tir à l'arme légère sur un hélicoptère qui
transportait du matériel électoral dans la région de Haouari, au sud de
Benghazi. Auparavant, des partisans de l'autonomie de l'Est avaient
sommé jeudi plusieurs importants terminaux pétroliers de la région de
cesser leurs opérations jusqu'à la fin du scrutin.
"Nous allons continuer nos manifestations jusqu'à ce samedi soir. Si
les autorités ne revoient pas la répartition des sièges, nous allons
envisager d'autres mesures", a prévenu l'un des leaders des
protestataires, Ibrahim al-Jadhran. A 1.000 km de Tripoli, Benghazi a
été pendant de longs mois la capitale de la rébellion lancée en février
2011, qui s'est transformée en conflit armé et a abouti, grâce à un
appui militaire international, à la chute de Tripoli en août et à la
mort de Kadhafi en octobre.
Pour tenter de calmer la colère des militants de l'Est, le Conseil
national de transition (CNT), au pouvoir, a ôté jeudi à la prochaine
assemblée l'une de ses principales prérogatives, celle de désigner les
membres du comité chargé de rédiger la future Constitution. La
composition de ce comité devrait faire l'objet d'un nouveau scrutin, et
chacune des trois régions y enverra 20 membres.
En attendant, le Congrès général national sera chargé de choisir un
nouveau gouvernement et de gérer une nouvelle période de transition, en
prenant le relais du CNT qui devrait être dissous lors de la première
session de l'assemblée.
Source : Jeuneafrique.com
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