Selon plusieurs témoignages, les seize prédicateurs
islamistes d'une secte pakistanaise abattus par l'armée malienne, dans la nuit
du 8 au 9 septembre, ont été froidement exécutés. Un massacre qui donne du
grain à moudre à la propagande islamiste.
Dans la nuit du 8 au 9 septembre, entre 21 heures et 1 heure
du matin, seize prédicateurs islamistes – huit mauritaniens et huit maliens -
de la secte pacifique basée au Pakistan, Jama'at Tabligh, ainsi que leur
chauffeur, ont été fusillés par l'armée malienne dans le petit village de
Diabali (Centre), à 430 km au Nord de Bamako.
Un agent de renseignement visiblement malhonnête aurait été
à l’origine du drame. « Il a dit aux militaires maliens : "il y a une
voiture pleine de salafistes qui fonce vers vous, donc vous n’avez pas besoin
d’aller au Nord-Mali pour les tuer"», témoigne Sid'Ali Ould Oumar, parent
d’une des victimes maliennes.
« Le poste d’entrée à Diabali a bien enregistré les
prêcheurs à leur arrivée dans le village, mais c’est à la sortie que les
militaires les ont arrêtés avant de les massacrer », affirme Moussa Boubacar
Bâ, chargé de la jeunesse au Haut Conseil islamique du Mali (HCI). Une
information confirmée par une source de la gendarmerie qui ajoute : « Les
militaires les ont amené dans l’obscurité dans la périphérie du village avant
de les fusiller, l’un après l’autre ».
"Bastonné et torturé"
Même le chauffeur des religieux, Khatra Ould Elbéchir, a été
exécuté. Son frère Hassan, contacté par Jeune Afrique, raconte la scène. «
Quand les militaires ont commencé à tirer sur les prêcheurs, il a fui mais a
été aussitôt rattrapé. On l’a bastonné et torturé avant de le tuer, pourtant il
est très connu à Diabali comme chauffeur de transports en commun »,
affirme-t-il.
À Bamako, ce 10 septembre, le ministère de la Sécurité
intérieure et les imams rencontrait les organisateurs du congrès annuel de la
secte pour tenter d’apaiser les esprits. « Jama'at Tabligh est un mouvement
islamique que je connais très bien, explique Moussa Boubacar Bâ. C’est l’un des
mouvements les plus pacifiques au monde et il n’accepte jamais de se mêler de
politique. Ses membres prêchent dans les mosquées et dans les rues en demandant
aux jeunes de ne pas se droguer, de ne pas boire d’alcool... et dénoncent
toutes les pratiques contraires à l’islam de manière pacifique. Ils respectent
les non-musulmans et disent que ce sont des gens qui n’ont pas encore compris
le message du prophète », poursuit-il.
Instrumentalisation
La secte a commencé avec des prêches pacifiques. Mais à la
fin du compte, on s’est retrouvé avec des djihadistes qui contrôlent la ville.
Un habitant de Kidal
Et d’ajouter : « Le chef d’Ansar Eddine, Iyad Ag Ghali,
comme d’autres leaders des groupes islamistes armés qui contrôlent le Nord-Mali
étaient membres de Jama'at Tabligh. Le jour où il a commencé la politique au
nom de l’islam et a pris les armes, le mouvement l’a exclu ». Mais à Kidal, on
se rappelle avec amertume de l’introduction de la secte. « Chez nous aussi,
elle a commencé avec des prêches pacifiques. Mais à la fin du compte, on s’est
retrouvé avec des djihadistes qui contrôlent la ville », explique Mossa Ag
Ibrahim, un habitant de Kidal.
Des djihadistes qui aujourd’hui tentent d’instrumentaliser
le massacre de Diabali. « L’armée malienne a retrouvé ses vieilles pratiques en
massacrant ses propres civils sans défense et a démontré une fois de plus son
amateurisme. Pourtant elle sait bien où se trouvent les islamistes armées,
pourquoi ne vient-elle pas les chercher ? » ironise Sanda Abou Mohamed,
porte-parole d’Ansar Eddine à Tombouctou. De son côté, Oumar Ould Hamaha, le
chef militaire du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest
(Mujao, proche d'Aqmi), qui contrôle la ville de Gao, va plus loin.
« Depuis ce massacre de civils musulmans, nous avons compris
que le gouvernement malien est un gouvernement mécréant. Nos frères musulmans
de Bamako peuvent préparer nos matelas, on arrive… Nous allons planter le
drapeau noir de l’islam sur Koulouba », martèle-t-il.
Source : Jeuneafrique
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