Cameroun: Recrudescence des actes d`assassinats dans les villes

Plus une semaine ne passe sans que le corps d’une personne égorgée n’ait été découvert dans l’une de nos métropoles. Ce sont des faits macabres qui ont barré les «une» des différents quotidiens du Cameroun du lundi, 20 février dernier. 
Entre le jeudi 16 et le dimanche 19 février, deux jeunes femmes ont en effet été arrachées à la vie. Au quartier Emana, c’est le corps désarticulé de Mireille Ngo Ond, 29 ans, employée à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Béac), qui a été retrouvé à l’intérieur de son véhicule de marque Toyota Rav 4. Le corps de la jeune femme labouré par sept coups de poignard en état de putréfaction avancé, avait été séparé de la tête par ses bourreaux. 

Un assassinat crapuleux aussitôt attribué à son amant, interpellé et mis sous les verrous comme suspect numéro 1. Le dimanche 19 février dans la matinée, c’est la dépouille de la jeune Jeanne Essimi Nga Ateba qui a été retrouvée à son domicile au lieu dit «Titi garage», à Yaoundé. Selon des témoignages, un jeune homme est arrivé sur les lieux, armé d`un long poignard et a écourté sa vie. Sur les lieux du drame, un boutiquier qui partage la proximité avec la victime, raconte qu`un jeune homme est arrivé, il a fait irruption dans la chambre de la jeune fille et l’a égorgée. 

Autre cas de meurtre signalé à Yaoundé au cours de la même journée, celui d’une jeune commerçante,Charlotte Ngoh Atangana, âgée de 24 ans, tuée de 14 coups de poignard par un amant dont elle entendait se séparer. Si ces différents meurtres alimentent les conversations de l’homme de la rue, dans les chaumières, ils inquiètent et font froid au dos. Ce d’autant que, depuis le début de l’année en cours, ce ne sont pas les premiers crimes crapuleux recensés à travers le pays et notamment dans la ville de Yaoundé. 

Ainsi, au lendemain des fêtes de fin d’année, c’est le corps sans vie de Marie Stéphanie Nyobé qui a été retrouvé dans la broussaille à Soa, une grosse bourgade sise à 7 km de la capitale et qui abrite l’université de Yaoundé II. Agée de 21 ans, l`étudiante avait été tuée dans des circonstances encore non élucidées à ce jour. Ses restes en putréfaction seront découverts le 29 décembre 2011 à Soa, non loin de la mini-cité «La grâce», le lieu de sa résidence. 


Chinois 

Une enquête judicaire est ouverte et son amant interpellé. Les parents de la jeune fille, eux, restent sans voix. Alors que la population n’avait pas encore digéré cette nouvelle, quelques jours plus tard, au quartier Santa Barbara à Yaoundé, c’est le corps de Jean Calvin Monet Boulou Njé qui a été découvert le samedi 28 janvier 2012. Cet opérateur économique aurait été attaqué à son domicile par quatre malfrats, et poignardé de plusieurs coups de couteau. Une enquête sera ouverte pour retrouver les meurtriers. 

Le même samedi 28 janvier 2012, un autre drame familial se jouait du côté d’Obala. David Etogo Zoa, âgé de 30 ans, venait d’être assassiné par sa jeune amante, Marie Antoinette Ngah, âgée de 18 ans qui s’était servie d’un couteau de cuisine pour mettre un terme aux élans de jalousie déplacés de son compagnon. La meurtrière sera interpellée et déférée au parquet de Monatélé. Toujours à Obala, le corps de Ji Xiaofing, un commerçant de nationalité chinoise, sera retrouvé le 22 janvier 2012 à l’intérieur de sa propre boutique par des vigiles d’une société voisine. D’après des sources médicales, il aurait reçu, un coup à la tête. Des traces de strangulation auraient été aussi découvertes à son cou. Et d’après des sources policières, tout porte à croire que le Chinois connaissait ses agresseurs qui n’avaient pas forcé la porte de la boutique où rien n’avait été volé. Deux suspects seront interpellés et une enquête ouverte. 

Le même 22 janvier du côté de Nkoa-Abang, c’est la dépouille d’un taximan qui est découverte dans un champ de manioc. Le corps de Lucien Menye Nkoa, âgé de 40 ans, a été retrouvé par une femme, la propriétaire dudit champ de manioc. Un corps découvert dans un état de décomposition avancée avec la tête séparée du corps, les pieds et les mains noués dans le dos. Une enquête sera ouverte au commissariat de Nkoa-Abang. 

C’est toujours à Yaoundé que, après quatre jours de recherche, le corps de la fille de feu Omgba Zing, la nommée Christelle Corinne Omgba Mballa, épouse Assoumou, a été finalement retrouvé le 19 janvier 2012, gisant dans une fosse dans sa villa au quartier Mimboman. Le corps qui était plié en deux présentait des articulations brisées. Selon les déclarations du médecin légiste, la défunte avait été victime de sévices corporels et d’agressions sexuelles. Son gardien, Barthélemy Ndjirayom sera interpellé avant d’être relaxé discrètement par l’enquêteur, Alain Edzoa, qui sera lui-même arrêté et gardé à vue. 

Le 15 janvier 2012 au quartier Damase, Henry Tabi était découpé à la machette par Justine Abenedjou Egang, une jeune dame qui l’avait assené le coup en lieu et place de son concubin. Agé de 25 ans, Henry Tabi qui avait reçu un violent coup de machette sur le crâne, sera amputé d’une partie de son visage. Il succombera à ses blessures le lendemain. Le 04 janvier 2012 au quartier Tsinga à Yaoundé, William Edezoumou, 29 ans, est assassiné, poignardé par ses voisins pour trouble de jouissance nocturne. Quelques jours plus tard, en plein jour au marché Mokolo, la tête dégoulinante de sang d’un adolescent était retrouvée dans un sac en plastique détenu par un individu qui passera aux aveux avant d’être interpellé. Le reste du corps de l’adolescent sera retrouvé ensuite après exploitation de l’assassin. 

A Ebolowa, stupeur et consternation sont au rendez-vous ce lundi, 6 février 2012 à NKoéssombo, une banlieue. Deux corps d’enfants en état de décomposition avancée ont été découverts par des riverains dans un champ de patate. La police ouvrira une enquête pour faire la lumière sur ce qui apparaît comme un double meurtre. 


Colina All 

Au cours du même mois de janvier, cette fois à l’Ouest du pays, la criminalité prend du galon, notamment dans la ville de Mbouda. Des malfrats évoluent comme des poissons dans l’eau, semant mort et désolation à leur passage. C’est ainsi qu’un cadre des brasseries est sauvagement tué de plusieurs coups de fusil. Quelques jours plus tard, c’est le meurtre du Maire de Baham qui est abattu, nuitamment, dans l’enceinte de son domicile. A bafoussam, c’est une élève qui est retrouvée morte, tuée par des malfrats qui l’avaient préalablement violée. Le 17 février dernier, l’on annonçait à Bafoussam la mort suspecte d’un assureur. Le chef d’agence de la société d’assurance dénommée Colina All Life Cameroon, Brice Nicodème Happi Monthé, 52ans, venait d’être retrouvé suspendu au bout d’une corde. Autre mort par suicide, un vendeur à la sauvette de l’Avenue Kennedy qui aura mis fin à ses jours pour des raisons restées non élucidées par ses proches. 

La liste est loin d’être exhaustive et, la responsabilité de la police est sévèrement critiquée par des populations de plus en plus apeurées et qui n’ont pour seul recours face aux assauts répétés des malfrats que de se calfeutrer dans leurs demeures. 

A la direction régionale de la police judiciaire du centre à Yaoundé souvent accusée de négligence dans la gestion de ces enquêtes criminelles, on se veut pourtant rassurant : «nous avons également noté la recrudescence, depuis le début de l’année en cours des crimes avec une nette augmentation des crimes passionnels», affirme le commissaire divisionnaire Nith qui poursuit : «nous avons recensé un peu plus d’une dizaine de cas et la tranche d’âge des victimes varie entre 25 et 35 ans. Le public nous accuse de laxisme parce que, tout simplement, nous ne nous prononçons pas toujours pendant les enquêtes en cours mais la vérité est que, pour chaque crime, nous interpellons des suspects qui sont, soient relaxés par le parquet à la disposition de qui nous les remettons, soit, ils sont incarcérés ou libérés. C’est trop vite aller en besogne de dire que nous ne faisons pas notre travail», lance-t-il sans pour autant pouvoir se prononcer sur la suite des enquêtes ouvertes ici et là depuis le début de l’année en cours. 

Pour les populations, face aux «lenteurs» de la police, elles préfèrent prendre les choses en main. Du coup, le phénomène de justice populaire a connu, lui aussi une certaine évolution. «Conduire les bandits à la police c’est les libérer. C’est pour cette raison que nous préférons leur régler leur compte une fois pour toute. Au moins, il y en auront qui paieront pour les autres», affirmait samedi, 18 février, un jeune homme qui venait de se livrer à un acte de justice populaire au lieu dit «Total Mvan» à Yaoundé.
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