Un tribunal du Malawi a condamné le 20 mai à 14 ans de prison un couple d'homosexuels. Les deux hommes avaient été arrêtés en décembre suite à l’organisation de la première cérémonie de mariage homosexuelle jamais organisée au Malawi, alors que le pays considère l'homosexualité comme criminelle.
En prononçant la sentence au tribunal de Blantyre, le juge Nyakwawa Usiwa Usiwa a déclaré que « les pires peines sont destinées aux pires cas». Disant «représenter la société du Malawi», le magistrat a ajouté qu'il ne pense pas qu'elle soit prête «à voir ses fils se marier avec d'autres de ses fils ou organiser des cérémonies de vœux».
« Cette condamnation est destinée à protéger le public de gens comme vous pour que nous ne soyons pas tentés de reproduire cet exemple horrible », a ajouté Nyakwawa Usiwa Usiwa pour justifier une sentence prononcée trois jours après la Journée internationale de lutte contre l'homophobie. Les deux accusés Tiwonge Chimbalanga, 26 ans, concierge d'hôtel, et Steven Monjeza, 20 ans, ont écopé de la peine maximale inscrite dans le code pénal du Malawi.
Le couple n'a pas réagi à l'annonce de leur condamnation, face à une salle pleine de journalistes et de curieux. Leur arrestation et leur maintien en détention avaient suscité l'indignation des organisations de défense des droits de l'homme. Mais, dans ce pays conservateur, l'homosexualité est interdite. Une interdiction qui complique la lutte contre le virus VIH, alors que le taux de prévalence y est de 14 %.
Aucune information de première main n'a été obtenue pour prouver que ces deux personnes avaient des relations charnelles.
«Pour moi c'est un choc», a expliqué Dunker Kamba responsable du Centre pour le développement de la population, une ONG malawite. Il craint désormais les conséquences de cette condamnation. «C'est une véritable violation de leurs droits et un très grand recul de nos droits humains. Ce n'est pas seulement une condamnation pour eux, mais aussi pour tous les homosexuels du pays et même d'Afrique. Cette décision va contraindre les membres de cette communauté à se cacher davantage, à vivre dans la clandestinité. Ils pourront encore moins accéder à tous les messages de prévention contre le Sida» a-t-il ajouté.
La France, la Grande-Bretagne ou encore les États-Unis ont condamné cette décision et ont exprimé leur «grande déception» à cette condamnation. Dans un communiqué, le département d'État américain a déclaré que «criminaliser l'orientation et l'identité sexuelles est un pas en arrière dans la protection des droits de l'Homme au Malawi». L'organisation Amnesty Internationale parle elle de «véritable scandale».
Pour sa part, le ministre du Développement irlandais, Peter Power, a jugé la condamnation «complètement disproportionnée et contre les principes internationaux des droits de l'Homme». Il a renchéri en précisant qu'il entend donner «une réponse forte» de l'Union européenne.
L’avocat des condamnés, Mauya Msuku, a déclaré à l'issue de l'audience qu'ils allaient envisager les possibilités d'appel.
Les condamnés s'étaient rencontrés dans une église du Malawi au début de 2009. Ils vivaient ensemble depuis cinq mois lorsqu'ils ont décidé d'officialiser leur union. Lors de leur jugement en janvier et en février dernier, ils avaient plaidé non coupables.
Le Malawi fait partie des 38 États africains qui pénalisent l'homosexualité, de plus, la sodomie y est passible de 14 ans de prison. Sur le continent africain, seule l'Afrique du Sud a légalisé les unions civiles entre personnes du même sexe.
(Nous sommes en 2010)
gaboneco
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