Une fois encore, le ministre de la Communication a manqué une bonne occasion de se… taire. Samedi 14 juillet dernier, à l’occasion du point de presse dans la salle des conférences de son département ministériel, Issa Tchiroma a cru devoir réagir à la sortie des membres des réseaux et organisations de la société civile qui un jour avant, ont demandé d’un ton ferme l’adoption d’une loi anticorruption et la signature par le président de la République du décret d’application de la loi relative à la déclaration des biens.
« Sur le fondement de l’article 66 de la
Constitution du 18 janvier 1996, le Cameroun a voté en 2006 une loi
obligeant les gestionnaires de la fortune publique élus ou nommés à
publier leurs biens avant et après l’exercice de leur mandat. Depuis
cette période, le texte n’a jamais pu être appliqué faute de signature
de son décret d’application.
Ce texte est d’autant plus important qu’il
permettrait la mise en œuvre de l’un des principaux outils de prévention
de la corruption et des pratiques qui lui sont assimilées », relève
l’exposé des motifs signé par Cyrile Tomo Onesim de Integrity Network
Cameroon, Christine Andela de la plateforme nationale des organisations
de la société civile du Cameroun, Guy Hyomeni du réseau camerounais des
organisations des droits de l’Homme et Charles Nguni de Transparency
international Cameroon.
Ils pensent qu’il est absurde que le
gouvernement, après avoir ratifié les conventions des Nations Unies
contre la corruption, adopté et lancé la mise en œuvre de la stratégie
nationale de lutte contre la corruption ne signe toujours pas le décret
d’application de l’article 66 de la constitution du 18 janvier 1996.
Réplique
Sans attendre, le ministre de la Communication a sauté sur
l’occasion, pour une fois de plus se livrer en spectacle. Alors que ces
Camerounais soucieux du devenir de leur pays veulent inciter les
pouvoirs publics à accentuer les actions en faveur de la lutte contre la
corruption, Issa Tchiroma y voit des manipulateurs voulant jeter le
déshonneur sur le Cameroun. « Maintenant qu’est-ce qui justifie cette
sortie de trop de la société civile ?
Je la soupçonne tout simplement
d’être un instrument entre les mains de ceux qui veulent jeter
déshonneur et discrédit sur cette nation. Cette société civile ne
fait-elle pas écho de tout ce que nous avons connu par le passé. Les
biens mal acquis, le Code qui s’agite par ci par là, et aujourd’hui, je
me demande si ces forces tapies dans l’ombre et qui sont au service de
certains intérêts ne manipulent pas cette société civile.
N’obéit-elle
pas à des groupes de pression ? Ou alors aux injonctions de ceux qui
avancent, masqués, et qui travaillent à discréditer le gouvernement ? »,
s’interroge le Mincom dans un entretien accordé au quotidien à capitaux
publics, Cameroon tribune dans sa publication du lundi 16 juillet 2012.
Le porte-parole du gouvernement va même plus loin. Et estime que
réclamer l’application de l’article 66 c’est « faire un procès en
sorcellerie au gouvernement ».
Il soutient mordicus que les institutions existantes font valablement
le travail qu’aurait dû faire l’article 66. Une façon de contrarier
Paul Biya qui avait personnellement demandé l’introduction de cet
article dans la Constitution en janvier 1996, à grand renfort de
publicité. « Toutes les institutions qui existent aujourd’hui, je pense
au Contrôle supérieur de l’Etat, à la Conac, à l’Anif, au Conseil de
discipline budgétaire et financière. Tout cet arsenal joue à merveille
le rôle que l’article 66 aurait pu jouer et le fait d’ailleurs mieux »,
se gargarise le porte-parole du gouvernement au quotidien
gouvernemental.
La gaffe ?
Cette autre sortie inopportune d’Issa Tchiroma Bakary vient remettre
au goût du jour le débat sur le rôle du porte-parole du gouvernement. Au
lieu de prendre la parole pour défendre les positions de ce dernier, le
ministre de la Communication a pris l’habitude de l’enfoncer à toutes
les occasions, en faisant des déclarations contradictoires.
Après le
scandale de l’affaire Vanessa Tchatchou et la malheureuse sortie ayant
suivi la publication des lettres de Marafa Hamidou Yaya, Issa Tchiroma
vient une fois de plus de se cogner le visage contre le mur, en laissant
entendre que le président de la République avait commis l’erreur
d’introduire l’article 66 dans la Constitution de 1996. N’est-ce pas
ridiculiser celui qu’il croit défendre ?(www.africapresse.com)
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