Le Premier ministre ivoirien, Jeannot Kouadio Ahoussou, a reçu vendredi les dirigeants du parti de l'ex-président Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), pour relancer le processus de réconciliation après un récent regain de tensions.
Il s'agit de la première rencontre officielle entre le gouvernement et
le parti du président déchu depuis un fort regain de tensions en juin.
Des attaques dans le Sud-Ouest avaient coûté la vie à plus d'une
vingtaine de personnes, dont sept Casques bleus nigériens de l'Opération
des Nations unies dans le pays (Onuci), et les autorités avaient
quelques jours plus tard affirmé avoir déjoué en mars un projet de
putsch. Dans les deux cas le pouvoir a accusé des pro-Gbagbo, s'attirant
un virulent démenti du FPI.
Malgré quelques rendez-vous entre les ennemis d'hier et la création
d'une Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), la
réconciliation est en panne plus d'un an après la fin de la crise de
décembre 2010-avril 2011, née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa
défaite à la présidentielle de novembre 2010 face à Alassane Outtara. La
crise a fait quelque 3.000 morts.
L'ex-chef de l'Etat est incarcéré depuis novembre 2011 à La Haye par la
Cour pénale internationale (CPI), qui le soupçonne d'être "coauteur
indirect" de crimes contre l'humanité. L'audience de confirmation des
charges pesant sur lui est prévue le 13 août.
Fin avril, le gouvernement avait rencontré l'opposition à Grand-Bassam,
près d'Abidjan, afin de relancer un "dialogue républicain". Mais le FPI
avait choisi de n'y assister que comme "observateur", et le communiqué
final instituant un "cadre permanent de dialogue" n'avait été paraphé
que par de petites formations pro-Gbagbo.
Le FPI veut un "dialogue direct" avec le pouvoir et martèle sans
relâche ses exigences, à commencer par la libération de ses cadres
emprisonnés.
La plupart de ses barons sont détenus depuis la fin de la crise dans le
nord du pays et poursuivis pour "crimes de sang", "atteinte à la sûreté
de l'Etat" et "crimes économiques".
Huit inculpés de "génocide"
Huit d'entre eux, dont l'ex-Première dame Simone Gbagbo et l'ancien
président du FPI Pascal Affi N'Guessan, sont depuis peu inculpés en
outre de "génocide".
Ce chef d'accusation - "fantaisiste" selon la défense - a surpris,
alors que le président Ouattara lui-même, en visite d'Etat en France en
janvier, avait affirmé que grâce à l'intervention militaire française
"un génocide pire qu'au Rwanda" avait pu être évité durant la crise.
Elle s'est achevée le 11 avril 2011 avec l'arrestation de M. Gbagbo
après deux semaines de guerre, remportée par les forces pro-Ouattara
avec l'appui décisif de la force française Licorne et de l'Onuci.
Depuis le transfert de l'ancien président à La Haye, la CPI n'a annoncé aucun autre mandat d'arrêt.
Mais, dans un entretien diffusé le 8 juillet sur Radio France
Internationale (RFI), le président de l'Assemblée nationale et
ex-Premier ministre Guillaume Soro a affirmé que trois autres mandats
ont été émis: contre Simone Gbagbo, l'ex-chef des "jeunes patriotes"
pro-Gbagbo, Charles Blé Goudé, et le général Brunot Dogbo Blé, ancien
patron de la Garde républicaine. La CPI n'a voulu faire aucun
commentaire.
Alors que le régime est accusé de pratiquer une "justice des
vainqueurs" par le camp Gbagbo, soupçonné quant à lui d'avoir des
velléités de revanche, le président de la CDVR, l'ancien Premier
ministre Charles Konan Banny, n'a pas la tâche facile.
M. Banny, dont la commission demeure peu visible et audible, a dû cette
semaine se rendre à l'évidence, lors d'une interview à la radio
Onuci-FM: "les esprits ont recommencé à se réarmer".©afriquinfos.com
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