Opinions - La santé en Afrique , investir plus et mieux


Le continent africain n’est pas le seul aux prises avec l’épineuse question du financement des soins de santé. L’ensemble de la planète vit sous une crise permanente de ce secteur et depuis plus d’un quart de siècle, les déficits s’accumulent en Occident. 






Dans la très large part des pays africains, le sous-financement, le sous-équipement et une forte pénurie des ressources humaines sont courants. Les diagnostics faits par tous les analystes sont pourtant clairs et une bonne dose de bonne volonté et une hiérarchisation des priorités pourraient permettre d’améliorer radicalement les choses. 
Comme le dit le Dr Luis Gomes Sambo, directeur régional de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) pour l’Afrique, « le pari pour les gouvernements africains et leurs partenaires consiste à mieux coordonner la prestation des soins et à faire en sorte que les fonds soient utilisés de façon responsable au profit des Africains. » Compte tenu de l’état des finances publiques en Afrique, il est évident que les États devraient s’appuyer un peu plus sur la contribution du secteur privé et des organisations non gouvernementales. Ce sont des partenaires déjà à l’œuvre dans ce secteur mais qui doivent s’employer à revoir leur contribution de manière efficiente.

Le rapport de l’OMS qui cite le Dr Sambo, établit que malgré tous les obstacles, les gouvernements africains ont une occasion unique d’adopter et de mettre en œuvre des politiques audacieuses qui pourront avoir d’importantes retombées pour la santé. 

Les plus grands progrès seraient  particulièrement réalisés dans certains des pays les plus pauvres, où il est peut-être possible de gagner 10 années de vie en bonne santé pour un coût relativement faible. 

Pour cela, les pouvoirs publics doivent cesser de se concentrer principalement sur la minorité des personnes à haut risque et prendre des mesures préventives applicables à l’ensemble de la population.


Des réformes insuffisantes

La plupart des pays ont pu se démener pour apporter des réformes afin d’améliorer la prestation des services de santé. Malgré ces efforts, les systèmes de santé sont déficients et fonctionnent mal. La principale contrainte qui pèse sur les services publics tient à la pénurie de ressources financières et humaines. Voilà pourquoi les autorités se félicitent du soutien de la communauté internationale et des efforts qu’elle déploie. Certains de ces programmes « verticaux », axés sur des maladies, ont eu des résultats spectaculaires. Mais cette option tend à négliger une importante cause sous-jacente de morbidité : la faiblesse des systèmes de santé.

Il faut comprendre par système de santé l’ensemble des acteurs, des organisations, des institutions et des ressources dont le but premier est d’améliorer la santé. Ils ont plusieurs objectifs importants dont celui d’être aptes à répondre aux attentes légitimes de la population et être financièrement équitables.

Seulement, le degré de réalisation de ces objectifs dépend de la mesure dans laquelle les systèmes parviennent à s’acquitter de quatre fonctions essentielles : la prestation des services, la production de ressources - investir dans les personnes, les infrastructures et le matériel - le financement et l’administration générale qui permet d’assurer un contrôle et de donner des orientations, dans l’optique de la santé.

Quand ces éléments sont parfaitement coordonnés, la population affiche une meilleure santé et une espérance de vie plus élevée.  Les systèmes de santé aident donc à faire en sorte que les services répondent de façon équitable et durable aux besoins sanitaires. Compte tenu de l’incapacité des gouvernements à assurer des soins de santé de base à une population qui, en l’absence de soins subventionnés par l’État, n’a d’autre choix que de chercher d’autres solutions, le secteur privé joue un rôle très important dans les prestations. Les prestataires privés complètent ainsi le secteur public, intervenant là où l’État n’assure pas les services essentiels.



Santé en Afrique

L’apport indispensable du secteur privé

Voilà pourquoi des initiatives comme celle de Banque Mondiale à travers la Société financière internationale (SFI) apporteraient de l’eau au moulin des gestionnaires des systèmes de santé. À la SFI, on estime que « les problèmes sanitaires de l’Afrique sont immenses mais pas insolubles. De formidables possibilités existent d’exploiter le secteur privé pour améliorer l’accès des populations d’Afrique à des produits et des services de santé de meilleure qualité. Dans une région où les ressources publiques sont limitées, le secteur privé joue déjà un rôle très actif. En Afrique, environ 60 % du financement de la santé viennent de sources privées, et environ 50 % du total des dépenses de santé vont à des prestataires privés. »

Mais la pente est dure à remonter parce que l’Afrique subsaharienne, qui compte 11 % de la population du globe, supporte 24 % de la charge de morbidité mondiale et représente moins de 1 % des dépenses mondiales de santé. Elle souffre en outre d’une grave pénurie de personnel médical qualifié, avec seulement 3 % du personnel de santé mondial.

Il y a une demi-douzaine d’années, on estimait à la Banque Mondiale entre 25 et 30 milliards $US, les sommes nécessaires pour de nouveaux investissements afin de répondre à la demande en amélioration du système de santé africaine à l’horizon 2016. 

On parle précisément d’opportunités d’investissement dans la construction et la modernisation des actifs physiques du secteur.
Selon les estimations, cela se traduit entre 550 000 et 650 000 lits d’hôpital qui devront être ajoutés au parc existant. On aura besoin de 90 000 médecins, environ 500 000 infirmiers ou infirmières et 300 000 agents de santé communautaires de plus que le nombre des futurs diplômés des écoles de médecine et des établissements de formation  existants. La demande sera forte également pour des circuits de distribution et de vente au détail plus performants et des installations de production de produits pharmaceutiques et de fournitures médicales.

C’est en gros le prix à payer pour un meilleur quotidien et la balle est plus que jamais dans le camp des décideurs politiques.(afrique expansion)
©Wao : Béatrice Seupa Ng.

1 commentaire:

  1. 'L’Afrique est le continent où la situation sanitaire et sociale est la plus préoccupante et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement la plus lente...Pour éviter que la situation ne se détériore davantage, la France et l’Europe, qui ont une responsabilité historique à l’égard de cette région du monde, doivent veiller à ce que les ressources humaines et financières, allouées aux initiatives mondiales, aux dépens de l’aide bilatérale, bénéficient aussi aux personnes les plus démunies d’Afrique francophone..'

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