L'armée a lancé vendredi une contre-offensive pour reprendre les quartiers rebelles de Damas et livrait des combats sans précédent à Alep, deuxième ville de Syrie, dans une escalade de violence ayant fait fuir au Liban voisin des milliers de personnes ces dernières 48 heures.
Après la « bataille de libération » de Damas annoncée mardi
par les rebelles, l'armée a lancé une contre-offensive pour reprendre le
contrôle des quartiers « où s'étaient infiltrés des terroristes », selon une
source de sécurité. Appuyée par des chars, elle a « nettoyé » le quartier
Midane, près du centre-ville, à la suite de violents combats.
Emmenés par l'armée dans ce quartier fantôme à bord de
blindés, les journalistes ont vu des douilles de tous calibres jonchant la
chaussée, le minaret de la mosquée Al-Majid troué par un obus et les façades
d'immeubles criblées de balles. Après avoir donné l'assaut contre Qaboun (est)
la veille, l'armée a pénétré le matin dans les quartiers de Jobar (est) et
Kafar Soussé (sud-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme
(OSDH).
Outre Midane, une source de sécurité a indiqué à l'AFP que
l'armée contrôle désormais Tadamoun (sud), Qaboun et Barzé (est). En revanche,
de violents combats se poursuivaient à Jobar, Roukneddine (nord) et surtout
dans les « champs de Mazzé », Kafar Soussé et Daraya, au sud et à l'ouest.
A Alep, capitale économique du pays, de violents combats ont
éclaté dans plusieurs quartiers, les premiers du genre, ouvrant un deuxième
front dans ce conflit désormais décrit comme une « guerre civile » par
plusieurs capitales et institutions internationales.
Au moins 177 personnes - dont 119 civils, 13 « combattants
civils », 7 déserteurs et 38 soldats des forces gouvernementales - ont été
tuées vendredi, selon l'OSDH.
Plus de 18.000 réfugiés au Liban en 48 heures
Fuyant les violences, « plus de 18.000 personnes » se sont
réfugiées au Liban voisin ces deux derniers jours, a indiqué le Comité
international de la Croix-Rouge. Le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU a
de son côté parlé de « 8.500 à 30.000 » personnes y ayant trouvé refuge pendant
la même période.
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a lui exhorté
l'ONU unies à « intervenir de manière urgente » pour protéger les Irakiens qui
se trouvent en Syrie et les aider à retourner dans leur pays. L'Irak a
également annoncé ne plus être en mesure d'accueillir de nouveaux réfugiés, en
raison de la situation sécuritaire dans le pays.
Parmi ces réfugiés, une grande partie a quitté Damas et sa
région, théâtre mercredi d'un attentat qui a tué quatre hauts responsables du
cercle rapproché du président Bachar al-Assad.
Les funérailles officielles de trois d'entre eux, dont le
beau-frère de M. Assad, Assef Chawkat, ont eu lieu vendredi en l'absence du
chef de l'Etat, selon l'agence Sana.
Malgré les violences, et à l'appel des militants
anti-régime, des manifestations de faible ampleur ont eu lieu à Damas et à
Deraa (sud) et les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des protestataires à
Alep, selon l'OSDH.
Jeudi, les rebelles avaient enregistré des succès en prenant
le contrôle de la frontière avec l'Irak, selon Bagdad, et d'un poste-frontière
avec la Turquie. Le principal poste-frontière avec l'Irak, Boukamal, était
toutefois violemment bombardé vendredi soir par l'armée syrienne, selon des
sources locales en Irak. Un diplomate turc a en outre annoncé à l'AFP la
défection de trois généraux syriens réfugiés en Turquie depuis jeudi soir.
La mission de l'ONU prolongée de 30 jours
Le chef du Conseil national syrien (CNS), principale
coalition de l'opposition, Abdel Basset Sayda, a tenté de rassurer les
minorités, notamment chrétiennes et alaouites, sur les conséquences d'une
éventuelle chute de M. Assad.
« Nous avons déjà adopté un document qui garantit les droits
de toutes les minorités », a déclaré ce kurde à la radio-télévision allemande
Deutsche Welle.
Pour l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine en revanche, « la
résolution ne parle pas de retrait mais de poursuite de la mission » qui peut
toujours « jouer un rôle dans la réduction de la violence ».
La veille, Moscou et Pékin avaient provoqué la colère des
Occidentaux en opposant pour la troisième fois leur veto à une résolution du
Conseil prévoyant des sanctions contre le régime, Washington promettant d'agir
désormais « en dehors » du cadre de l'ONU.
Toute action en dehors de l'ONU serait « inefficace », a
réagi le président russe Vladimir Poutine.
L'Union européenne va de son côté examiner dès lundi de
nouvelles sanctions contre Damas, dont le renforcement de l'embargo sur les
armes, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius,
évoquant une « guerre civile » en Syrie. La Russie a décidé de reporter la
livraison de trois hélicoptères de combat à la Syrie jusqu'à la « normalisation
» de la situation.
©Jeuneafrique.com
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