A Kona, dans la région de Mopti (centre), l'armée malienne
fortifie ses dernières positions avant la zone du Nord, sous contrôle
islamiste. Des soldats insistent: au nom de la "fierté nationale",
ils veulent d'abord compter sur leurs propres forces pour chasser les
jihadistes.
"S'il y a des forces qui doivent venir au Mali,
qu'elles viennent directement ici sur la ligne de front", en fait la
dernière zone contrôlée par le gouvernement à Bamako avant le Nord sous
occupation islamiste, martèle un soldat rencontré par un journaliste de l'AFP
dans cette localité à plus de 700 km de la capitale. Ce militaire ne
s'identifie pas et refuse d'en dire plus, arguant de "l'obligation de
réserve".
"Il faut
comprendre la fierté des Maliens. On peut être pauvre et fier et refuser tout
ce qui peut paraître comme une domination", explique Mamadou Traoré, un
responsable à Mopti de l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), le parti
du président de transition Dioncounda Traoré.
Mopti, capitale de la
région du même nom, est la dernière grande ville avant les zones sous contrôle
des islamistes.Plusieurs militaires envoyés dans la région affirment approuver
la récente décision des autorités maliennes de refuser le débarquement à Bamako
de troupes de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest
(Cédéao) pour, notamment, sécuriser les institutions de transition, une des
étapes prévues avant la reconquête du nord du Mali.
Tombouctou, Gao et
Kidal, les trois régions administratives formant le vaste Nord, sont occupées
depuis plus de cinq mois par le Mouvement pour l'unicité du jihad en Afrique de
l'Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l'Islam), deux groupes islamistes
alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamiste (Aqmi) qui en ont évincé leurs anciens
alliés rebelles touareg, sécessionnistes et laïcs. Ces salafistes prônent
l'application de la charia (loi islamique) et prétendent s'y conformer en
commettant des exactions.
La Cédéao est engagée
dans la médiation pour résoudre la crise malienne née d'un coup d'Etat
militaire ayant renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars, putsch
qui a précipité la chute du Nord aux mains de ces groupes armés. L'organisation
régionale prépare le déploiement au Mali de quelque 3.300 soldats avec le
soutien de pays occidentaux au plan logistique mais elle dit attendre la
demande formelle de Bamako ainsi qu'un mandat de l'ONU.
Plusieurs personnes
interrogées dans la région de Mopti partagent cette "fierté
nationale", base du refus de troupes ouest-africaines à Bamako même si,
reconnaissent-elles, cette fierté "ne se mange pas".
"Renforcement
militaire sur la ligne de front"
Aussi, un déploiement
discret se met-il en place dans la région de Mopti et selon des sources
concordantes jointes par l'AFP, plus de 120 militaires sont attendus pour
"renforcer" la "ligne de front".Du matériel destiné au
Mali, un pays continental, et comprenant notamment des chars de combat, avait
été récemment bloqué par les autorités guinéennes au port de Conakry. Elles ont
finalement levé "l'embargo" sur ces engins qui devraient rapidement
être acheminés dans la région de Mopti, selon des sources concordantes.Pour
renforcer ses capacités opérationnelles, l'armée malienne a également récemment
acquis deux nouveaux avions de combats Mi-24, selon des sources sécuritaires.
"Nos hommes ont
besoin de laver l'affront. Ils ont été obligés de reculer face à l'avancée des
rebelles touareg et des islamistes. Les populations n'ont pas oublié. Il
appartient aujourd'hui à nos troupes de relever le défi", affirme Mohamed
Sokolo, directeur d'école à Mopti.L'armée a installé un poste de commandement
opérationnel (PCO) à Sévaré (une dizaine de km à l'est de Mopti), une unité
dirigée par le colonel Didier Dacko, qui était basé à Gao avant la prise de
cette région par les islamistes.
Le colonel Dacko,
présenté comme très populaire au sein de la troupe, a renforcé son unité de
plusieurs dizaines de véhicules de transport. Dans son entourage, on le dit
"prêt" à montrer que "le Malien est un homme fier qui aime son
pays".
Source : afriquinfos
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