Pour la presse égyptienne, les décisions prises dimanche par le président Mohamed Morsi - mise à la retraite du maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), ainsi que de son "numéro deux", le général Sami Anan, et annulation des prérogatives politiques dont bénéficiaient les militaires -, sont véritablement "révolutionnaires".
Selon les analystes, la nouvelle donne bouleverse le rapport de force
entre l’armée et les Frères musulmans.La
décision prise dimanche 12 août par le président égyptien Mohamed
Morsi de
mettre à la retraite le maréchal Hussein Tantaoui, et le « numéro
deux » du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le
général Sami Anan,
mais aussi d'annuler toutes les prérogatives politiques dont
bénéficiaient les militaires, suscite de nombreuses réactions.
Pour
la presse égyptienne, ces mesures bouleversent le rapport de force
entre l’armée et les Frères musulmans. « Les Frères
officiellement au pouvoir », titrait ainsi le journal
indépendant Al-Watan,
tandis qu'un hebdomadaire proche de certains cercles
militaires, Al-Ousboua,
dénonçait « la dictature des Frères ». « Morsi met fin au
pouvoir du Conseil suprême des forces armées » dirigé par le
maréchal Tantaoui, affirmait pour sa part Al-Chorouq.
Pour ce journal indépendant, les mesures constitutionnelles
annoncées donnent même au président Morsi « des prérogatives
plus importantes que celles de (Hosni) Moubarak ».
Une
réorganisation en profondeur
Outre
la mise en retraite du maréchal Tantaoui, et du "numéro deux"
du CSFA, Mohamed Morsi a fait sortir du conseil militaire les chefs
de la marine, de l'aviation et de la défense aérienne, pour leur
confier des postes élevés dans le secteur public. Le chef de la
marine, le vice-amiral Mohab Mamich, prend ainsi la direction de
l'organisme chargé du canal de Suez, une des premières sources de
revenus du pays. Un autre membre du CSFA, le général Abdel Fattah
al-Sissi, chef du renseignement militaire, remplace à la Défense le
maréchal Tantaoui. Mohamed Morsi a également nommé vice-président
un magistrat, Mahmoud Mekki. Une nomination qui pourrait augurer
d'une reprise en main de la hiérarchie judiciaire héritée de
l'ancien régime, Mahmoud Mekki s’étant distingué lors d'une
fronde des juges contre le système Moubarak lors des élections de
2005.
Le
chef de l'État a aussi récupéré à son compte la possibilité de
former une nouvelle commission chargée de rédiger la Constitution,
en cas de blocage des travaux de la commission actuelle. « Ce qui
s'est fait l'a été en coordination et après des consultations avec
les forces armées », a assuré dimanche un responsable militaire
cité par l'agence officielle Mena. Mohamed Morsi a, lui, pris soin
de déclarer qu'il n'avait l'intention de « marginaliser » personne
mais de promouvoir une « nouvelle génération ».
Alors
que des journaux se sont inquiétés d'une volonté selon eux de
contrôle des médias de la part des Frères musulmans, le Parquet a
annoncé lundi avoir déféré devant la justice le patron d'une
chaîne privée et le rédacteur en chef d'un quotidien indépendant
pour offense au président Morsi.
Moins
d’inquiétude du côté de la Bourse du Caire où les annonces de
M. Morsi sont perçues comme pouvant favoriser la stabilité du pays
», estime l'analyste financier Moustafa Badra. Résultat : une
hausse de 1,5% de l'indice de référence EGX-30.
La
décision du nouveau président égyptien a eu un impact mondial. La
Maison Blanche ont appelé les militaires et le gouvernement à
travailler ensemble, en disant espérer que « l'annonce du président
Morsi serve les intérêts du peuple égyptien », tout en indiquant
que le « partenariat » militaire qui lie les deux pays n’était
pas remis en cause. Les États-Unis accordent une aide annuelle
militaire d'environ 1,3 milliard de dollars à l'Égypte.
Son
de cloche différent en Israël, lié depuis 1979 par un accord de
paix avec l'Égypte. « Il est prématuré de faire des évaluations
car tout est en devenir en Égypte, mais nous suivons de très près
et avec quelque inquiétude ce qui s'y passe », a affirmé à l'AFP
un responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat.
Ce
coup de théâtre survient alors que sur le plan de la sécurité
l'Égypte fait face à une grave
crise dans le Sinaï,
où 16 de ses gardes-frontières ont été tués le 5 août près de
la frontière avec Israël et Gaza. L'armée égyptienne mène depuis
une large offensive dans la péninsule.
Lu sur Jeuneafrique.com
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