Lancé en septembre 2010, le projet «Aadhar» a pour but de
relever les données biométriques de 1,2 milliard d'Indiens.Les autorités indiennes sont en train d’enregistrer les
données biométriques de toute la population, soit 1,2 milliard de personnes,
dans le but de créer la première carte d’identité nationale.
Ce système, appelé
« l’identification unique » et basé sur la reconnaissance des empreintes
digitales et de l’iris de l'oeil, veut aussi mettre fin au détournement des
aides publiques pour les pauvres. Mais ce fichage numérique d’une ampleur
inédite au monde inquiète les experts, surtout qu’aucune loi n’a encore été
votée pour garantir le respect de ces données personnelles.
Surykant Bundake, vêtu d’une chemise blanche à carreaux
fraîchement repassée, passe devant le tableau noir de la grande classe de
l’école d’un quartier populaire de Churchgate, au sud de Bombay, transformée en
centre d’enregistrement. Il s’avance vers la chaise en plastique posée devant
un fond blanc, et enlève délicatement ses lunettes. La webcam prend sa photo.
Clic.
Il pose ensuite un appareil gris sur son visage, qui, en
deux secondes, fait apparaître une photo de ses deux yeux sur l’écran. Clac.
Puis il relit et confirme à l’opératrice ses informations biographiques entrées
dans l’ordinateur. Finalement, cet ancien ouvrier à la retraite, âgé de 64 ans,
se lève et pose ses doigts sur un lecteur qui émet une lumière fluorescente
verte. Ses empreintes apparaissent sur l’écran de l’ordinateur, suivies d’une
lumière rouge. Front plissé de l’opératrice. « Réessayez », lui intime-t-elle.
Lumière rouge, de nouveau.
« Nous avons des problèmes avec les travailleurs manuels et
les habitants des bidonvilles, confie en aparté Pritesh Sapkal, analyste pour
l’entreprise informatique Glodyne, déléguée par l’Etat pour cette opération.
Leurs empreintes sont usées ». Les lecteurs doivent pouvoir lire au moins 60%
des empreintes soumises, et il aura fallu cinq essais pour que ces dix données
biométriques de Surykant soient validées. Il pourra finalement partir avec le
reçu de son inscription dans le système, et devrait recevoir, trois mois plus
tard, la carte portant son « numéro unique d’identité ».
Réduire la corruption
Ce projet colossal de carte d’identité biométrique, appelé
Aadhar (« fondation » en hindi), a été lancé en septembre 2010, avec comme but
de relever les données biométriques (empreintes digitales et de l’iris, la
partie colorée de l’oeil) de plus de 1,2 milliard d’habitants. L’objectif est
d’abord de créer la première carte d’identité du pays, et d’inclure dans le
système plus de 120 millions d’Indiens qui n’ont aucun papier, et donc aucun
droit aux yeux de l’Etat.
Un moyen moderne, également, de faciliter la mobilité économique,
freinée par une administration tatillonne, archaïque et souvent corrompue.
Enfin, l’utilisation des données biométriques « uniques » permettrait de tracer
la distribution des aides publiques, et de réduire le détournement actuel, par
les intermédiaires, des subventions sur les produits de première nécessité
offertes aux Indiens les plus pauvres. Une fraude qui coûte chaque année des
centaines de millions d’euros à l’Etat indien.
La plus grande base de données au monde
A terme, le projet mené par Nandan Nilekani, ancien
directeur du géant indien de l’informatique Infosys, devrait relier ce numéro
unique au compte en banque du bénéficiaire, et permettre des transferts
sécurisés, même dans les campagnes où des agents bancaires se rendraient munis
d’un lecteur biométrique. « Il suffirait d’y poser le doigt pour s’identifier
», assure Santosh Bogle, coordinateur du projet pour l’Etat du Maharashtra, où
se trouve Bombay.
Mais cette vision semble encore irréelle dans un pays où à
peine les deux tiers de la population sont connectés au réseau électrique, un
tiers à de l’eau potable, et dont la moitié seulement possède un compte en
banque. Le projet, dans tous les cas, avance à marche forcée. Plus de 200
millions d’identités ont à ce jour été entrées dans le système, ce qui
représente déjà la plus grande base de données au monde.
Source : rfi
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