Opinions - La crise du couple et la recherche des solutions.


La crise est inévitable au sein d'un couple, elle  fait partie de la vie, sinon c'est la mort, du moins la mort psychique, la sclérose. Ce sont les manières de la gérer qui peuvent changer...La crise est une période critique de toute organisation, un moment de dérégulation, que ce soit chez le vivant, dans les institutions, dans les sociétés.


 

Or le couple est une institution. La dérégulation d'un système est due à ce qui n'a pas été pris en compte, à ce qui demande à être pris en compte, soit de par l'évolution du système quel qu'il soit, soit de par ce qui a été caché au moment de la constitution.
La crise libère des forces destructrices, des forces de mort, mais elle fait appel à la créativité pour prendre en compte ce qui vient d'apparaître. La crise est un mouvement d'oscillation entre les forces de destructivité, il y a bien sûr une issue incertaine, mais cette recherche de nouveaux mécanismes de régulation est source de progrès et d'intégration de données nouvelles, c'est ce qu'il y a de positif dans la crise : crise d'adolescence, crise de milieu de vie, crises existentielles, et inévitablement crise de couple. La crise est une étape de maturation dans la vie des individus, des couples, des familles, des sociétés.

 La crise du couple

La crise du couple se situe à l'articulation de l'évènement et la structure du couple. L'évènement, c'est-à-dire ce qui la provoque, cause externe, due aux évènements de la vie (déménagement, chômage etc...) ; cause interne, due au déroulement de la vie même (naissance des enfants, grandissement puis départ de ceux-ci, décès des parents, etc...). L'évènement révèle, au moins en partie, ce qui avait constitué le couple, le fondement du couple, dans ses éléments conscients et inconscients, les caractéristiques du lien, des liens conjugaux. 

Chaque crise de couple va venir révéler quelque chose : ce qui en est la souffrance, ce qui en est la richesse. On ne reproche souvent au conjoint que ce pour quoi on l'a choisi inconsciemment. 
Certaines ruptures sont là pour éviter de se connaître soi-même, connaissance ressentie comme trop douloureuse. Mais ces ruptures là entraînent dans des choix nouveaux du même type que le précédent. L'évènement intrinsèque ou extrinsèque va créer un déséquilibre dans le fonctionnement qui lui a précédé. Le couple va réagir en cherchant sa solution : ce qui nous est amené quand ils consultent, ou quand ils se plaignent dans leur entourage, c'est le symptôme : disputes, liaison, boisson, difficultés sexuelles, désir de rupture... c'est ce qui est sécrété par le couple pour faire face à l'évènement et qui nous révèle sa structure sous-jacente, ses enjeux, ses choix.
C'est dire l'importance du symptôme choisi par le couple, car il est révélateur de ce qui fonde le couple et est en souffrance. Nous nous trouvons là au coeur des causes : en effet pourquoi tel couple est en crise dans telle circonstance, alors que tel autre évènement plus grave ne l'a pas mis en danger? Les causes de la crise sont donc impliquées dans le choix amoureux.

 Choix amoureux
 Beaucoup de couples à l'heure actuelle se forment jeunes dans l'idée "ensemble nous sommes forts", car ils ne trouvent pas dans le monde adulte le support nécessaire pour dépasser la crise de l'adolescence. Ils ne trouvent à se séparer de leurs parents qu'en trouvant un compagnon. Celui-ci a pour mission de représenter la distance non prise d'avec les parents de l'enfance. De tels couples, essentiels pour la continuation de la structuration, sont cependant des couples fragiles, car si les deux conjoints évoluent différemment dans le temps, l'un d'eux va avoir une nouvelle attente par rapport au couple, donc par rapport au conjoint, une attente plus mûre, que l'autre conjoint ne pourra peut-être pas satisfaire. Cela peut donner une difficulté à continuer la vie commune, ou à assumer ensemble une maternité et une paternité. On voit donc qu'une des causes premières de la crise-rupture de ces couples est l'éducation au sens large.

 L'éducation de la petite enfance
 C'est dans la première relation d'avec la mère que trouve leur origine bien des difficultés de couple. Dans le désir de faire couple il y a bien la nostalgie de la relation primaire, où l'autre aurait entièrement satisfait nos besoins. Mais tous ceux pour qui cette relation n'a pas été suffisamment satisfaisante vont se trouver en difficulté dans leurs relations postérieures : soit dans la recherche d'une relation fusionnelle qui ne laisse pas de place au tiers, d'où les difficultés au moment de la venue de l'enfant. Soit la peur de cette relation et une impossibilité de vivre les moments de rapprochements, vécus comme risque de perdre leur identité. Or ce type de conjoints se choisissent inconsciemment avec le même type de difficultés relationnelles. Ce sont donc des aléas des premières relations mère-enfant que seront issues nombre de crises de couples. Crises qui peuvent d'ailleurs permettre dans certaines conditions le dépassement de cette première histoire, car le couple permet la reprise de cette histoire.





La crise du couple et la séparation psychique qu'elle entraîne, au sens de "dé fusionnement", séparation pouvant aller jusqu'à la séparation physique et le divorce, peut-être l'achèvement de la séparation d'avec la mère des origines, c'est-à-dire le passage de la relation fusionnelle à une relation plus médiatisée ouvrant sur le tiers, donc sur l'enfant. Enfant vécu alors non comme un prolongement d'eux-mêmes, de la même manière qu'ils ont pu être le prolongement de leurs parents, mais comme une personne à part entière. Dans le cas de la séparation effective, ce premier couple aura pu être une étape maturative ouvrant sur un autre couple dans lequel la relation conjugale sera d'un autre type que le précédent.

Face à la crise le couple se trouve devant plusieurs choix :

  1. La séparation
  • Si la séparation se fait avec une élaboration de ce qui s'est passé, du pourquoi de ce choix amoureux, elle peut ouvrir sur un fonctionnement psychique plus mûr, qu'il y ait constitution d'un nouveau couple ou pas.
  • Elle peut se faire sans élaboration : souvent on se sépare du conjoint pour ne pas avoir à se séparer de l'image de couple idéal que l'on a en soi. Dans ce cas, la séparation ouvre sur une répétitivité des relations premières que ce soit avec un nouveau conjoint ou avec les enfants.
 2 .   ou la transformation en un lien différent du précédent

.. lien plus mature, plus réel, tenant compte du réel de l'autre sous ses différents aspects et intégrant des aspects de soi que l’on n’avait pas voulu voir. Lien donc capable de tenir devant l'émergence au fil de la vie des aspects nouveaux de la personnalité de l'autre et de soi qui se révèlent au fur et à mesure de l'évolution de l'existence et de ses crises.
 Mais pour cela il faut que l'ENVIRONNEMENT soit capable de contenir les crises du couple, de les supporter dans leurs aspects violents sans se destructurer lui-même, au contraire même en y trouvant un enrichissement, car interpellé par ce qui se passe et capable de se remettre en cause sans se perdre.

 Deux axes sont ainsi dégagés :

 1. La relation primordiale mère-enfant avec son ouverture au père c'est-à-dire à l'autre de la mère. Ouverture permettant l'issue de la relation fusionnelle, ouvrant sur la triangulation et la possible place pour les tiers, donc pour l'enfant plus tard, comme enfant à part entière de cet enfant devenu adulte.

 2. L'environnement, comme suffisamment stable pour supporter les crises existentielles des individus et les crises de couple.

Transparence ou connivence ?
La transparence, c'est un leurre. La vérité n'est pas toujours pas bonne à dire. Mais à l'inverse, l'autre a souvent des dons pour comprendre le non-dit (l'habitude a au moins ses avantages).  
Alors mesurons nos propos, respectons l'autre dans ses cheminements et essayons de se parler mieux...Il y a des tensions intérieures qu'il faut savoir taire, mais à l'inverse, il y a des déséquilibres qu'il faut évoquer.Dans le couple plus qu'ailleurs, les avantages acquis, les reproches enterrés ou dits méchamment sont sources de souffrances ultérieures.

En matière de désir, la transparence est à doser.
Dire ses désirs pour un autre, ses fascinations, ses convoitises, c'est exprimer, d'une certaine manière, un manque dans le couple. Mais, si l'autre les interprète comme des trahisons, c'est qu'il y a péril dans le couple, c'est que dans le fond, le couple n'est pas en phase. Entre transparence et liberté, il faut trouver des lieux d'harmonie, d'attention. C'est pourquoi il est souvent nécessaire de mesurer ce que l'autre a envie d'entendre.
Le remède, c'est peut-être l'humour, l'humilité et une certaine connivence, qui n'est pas du donnant donnant, mais du donnant tout court.
 La tromperie...
Quand on va trop loin, quand on atteint un point de non retour, la transparence est dangereuse. Elle peut faire mal et provoquer l'irréparable. Il faut peut-être alors taire sa blessure, et montrer par plus d'attention à l'autre son regret. On peut aussi s'interroger sur les causes de son acte et chercher à réparer ce qui ne va plus.
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Paradoxalement, les couples les plus fragiles sont ceux qui, au début de leur relation, vivent une symbiose absolue.
(…) Ils vivent le couple comme une île déserte qu'ils seraient les seuls à habiter. (Seulement) , la sécurité fait peu à peu place à l'asphyxie. Le monde extérieur, si longtemps tenu à distance, est tout à coup paré de tous les attraits. C'est le début de la crise.(…) La plupart du temps, ces couples se séparent en se déchirant…Très souvent, les gros conflits sont nourris au quotidien par de petits refus: On n'accepte pas que celui dont on partage l'intimité n'ait pas les mêmes réactions que nous. On projette sur l'autre des envies, des attentes, des erreurs de comportement, qui, en réalité, sont les nôtres. 





On sait combien hommes et femmes "fonctionnent" de manière asymétrique, notamment en matière de communication et de sexualité. (…) Tous témoignent de ce déni de la différence qui finit par faire du couple un champ de bataille ou un tribunal….Etablir des projets de vie est indispensable pour avancer à deux. 



En effet, dans une société qui se veut moderne, poussant les limites de ses libertés le plus loin possible, la notion de couple, de noyau amoureux, est en train, sinon de se perdre, du moins de changer d’orientation : bien que le contrat de couple depuis quelques générations se veut un contrat entier où l’on n’aime qu’une personne, l’infidélité se perpétue et est encore une facilité. Cette contradiction entre un certain idéal et la réalité amène dès lors à la conclusion que ce que l’on demande au couple d’aujourd’hui relève sans doute de l’impossible pour beaucoup d’entre nous.
©Wao : Béatrice Seupa Ng.

Source:
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Extrait d'une réflexion de Monique Dupré La Tour« Les crises du couple : leur fonction et leur dépassement »  Éd. Érès, 2005-Uniondesfamilles.org-Bonheur-couple.fr-Femmes.fr.msn.com-Aufeminin.com-Femme Active
Opinions :  animée par Béatrice Seupa Ng.

 
 


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