Turquie - Recep Tayyip Erdogan sanctionné par les sondages

Après deux semaines de manifestations durement réprimées, une enquête d'opinion réalisée par un institut proche du pouvoir révèle un net fléchissement de la cote de popularité du Premier ministre.

 




Sa brutalité et ses outrances verbales ont transformé un sit-in de citoyens soucieux de préserver la place Taksim, à Istanbul, de ses fantaisies urbanistiques en un vaste mouvement de contestation populaire. Deux semaines de manifestations durement réprimées par sa police ont fait 4 morts et 7 800 blessés. Les arrestations se multiplient. Et Recep Tayyip Erdogan, qui dénonce un complot géant (« terroristes », « finance internationale », médias étrangers, réseaux sociaux, gauchistes, etc.), voit pour la première fois depuis dix ans son étoile pâlir.

Une réalité que confirme MetroPOLL, un institut de sondage très proche du pouvoir, dans une enquête nationale menée entre le 3 et le 12 juin auprès d'un échantillon de 2 818 personnes. Celle-ci révèle des failles dans la mécanique jusque-là bien huilée de l'AKP, qui avait obtenu près de 50 % des voix aux législatives de 2011. En effet, 49,9 % des personnes interrogées (contre 36 %) jugent le gouvernement islamo-conservateur de plus en plus « autoritaire et répressif », tandis que 54,4 % se disent exaspérées qu'il « interfère dans leur mode de vie ».
Si 46,7 % des sondés « ont peur » de donner leur opinion, ils sont malgré tout 51,2 % à souhaiter que les chefs de la police soient démis ; 62,9 % (dont 41,6 % des électeurs AKP) à s'opposer au réaménagement de Taksim ; et 49,6 % (contre 31,4 %) à qualifier Erdogan de « provocateur et agressif ».

Revers

Rude coup pour la propagande du Premier ministre : seulement 3,2 % attribuent ce mouvement à « des ennemis intérieurs ou à des puissances étrangères », 1,8 % à des agents provocateurs et 0,6 % aux médias ou aux réseaux sociaux. En revanche, ils sont 37 % à imputer à Erdogan la responsabilité de la crise, seuls 9,5 % l'attribuant au chef de la principale formation d'opposition. Le parti au pouvoir perd 11 points de popularité en un an, et Erdogan 7 points d'opinions favorables en un mois. Revers pour lui : une majorité de sondés (43 %, contre 30,9 %) se disent hostiles à l'instauration du système présidentiel auquel il aspire à l'occasion du scrutin de 2014.
Certes, le mouvement de contestation, hétéroclite et acéphale, ne fait pas le poids face à un pouvoir qui conserve de solides assises dans les milieux défavorisés et la bourgeoisie provinciale. Mais si, en l'absence d'opposition crédible, l'AKP reste assuré de remporter les prochaines élections, les intentions de vote en sa faveur ne sont plus que de 35,3 %. Plus inquiétant pour lui, 41,7 % des sondés souhaitent la formation d'un nouveau parti. Jeuneafrique

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