L'éducation est considérée comme un élément important du développement des personnes, d'où le développement d'un droit à l'éducation.Un système éducatif performant est donc un avantage majeur.
"L'éducation constitue «le meilleur investissement» pour la jeunesse africaine qui est avide de nouveaux horizons, du changement et du développement" Président américain, Barack Obama.Intervenant dans le cadre de sa visite en Afrique du Sud, devant un grand nombre de jeunes étudiants sud-africains de l'Université de Soweto à Johannesburg
L’éducation ne joue pas son rôle moteur dans la société africaine. Cette clé de l’avenir est oubliée au présent par l’Afrique dans sa marche vers la croissance et le développement. Ce déplorable oubli trouve sa raison dans les choix politiques des gouvernants depuis l’aube des indépendances. Les systèmes éducatifs jugés trop étatiques montrent que les investissements accordés à des écoles publiques ont entrainé la baisse du niveau général des élèves, l’incompétence des enseignants, l’échec scolaire. Quelles sont les causes de l’échec en Afrique et quelles en sont les solutions ?
Le constat du désastre éducatif africain
Ces dernières années, sur 100 élèves ayant présenté un
examen, près de 75 en moyenne ont échoué. Les taux d’abandon scolaire restent
très élevés. Aujourd’hui pourtant, malgré les efforts considérables déployés
pour garantir ce droit, la réalité est telle que plus de 100 millions d’enfants
et d’innombrables adultes n’achèvent pas le cycle éducatif de base qu’ils ont
entamé ; des millions d’autres le poursuivent jusqu’à son terme sans acquérir
le niveau de connaissances et de compétences indispensables. En outre, les deux
tiers de 110 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école sont des filles. Un
suivi de tous les 100 élèves qui ont entrés à l’école en 1999, a montré que
seuls 25 ont atteint la septième en 2006. Au Kenya 84% des élèves ont atteint
la septième. En Tanzanie cette proportion s’élevait à 81% et au Rwanda à 74%.
"Malgré les sacrifices des familles, nombreux sont les enfants qui, désireux d’apprendre, n’ont à leur disposition que des salles de classe inconfortables, aux effectifs pléthoriques, sans matériel didactique face à des enseignants mal formés et peu motivés, plus préoccupés par leurs difficultés matérielles que par la pédagogie." Joseph BRANDOLIN dans son ouvrage 'Réinventer l'éducation en Afrique'
"Malgré les sacrifices des familles, nombreux sont les enfants qui, désireux d’apprendre, n’ont à leur disposition que des salles de classe inconfortables, aux effectifs pléthoriques, sans matériel didactique face à des enseignants mal formés et peu motivés, plus préoccupés par leurs difficultés matérielles que par la pédagogie." Joseph BRANDOLIN dans son ouvrage 'Réinventer l'éducation en Afrique'
Par ailleurs, le taux d'alphabétisation des adultes en
Afrique est parmi les plus faibles au monde. « Sur les 10 pays qui affichent
les plus faibles taux d'alphabétisation du monde chez les adultes (15 ans et
plus), sept se trouvent en Afrique de l'Ouest : le Bénin (40%), le Burkina Faso
(26%), la Côté d'Ivoire (49%), la Guinée Conakry (29%), le Mali (23%), le Niger
(29%), le Sénégal (42%) et la Sierra Leone (27%) », indique une récente étude
intitulée « From closed books to open doors - West Africa's literacy challenge
» (Des livres fermés aux portes ouvertes - Le défi de l'alphabétisation en
Afrique de l'Ouest). Mais, selon la même étude, deux pays dépassent la barre
des 50%, à savoir : le Cap-Vert (83%) et le Ghana (64%). A l'échelle de
l'Afrique de l'Ouest, ils sont 65 millions d'adultes (soit 40%) qui ne sa¬vent
ni lire ni écrire, selon le même rapport.
Les causes des problèmes d’éducation en Afrique
L’Afrique souffre d’une hypercentralisation des décisions
pédagogiques. On observe une forte standardisation des formations. L’État Y
entretient une bureaucratie rampante et alimente le favoritisme. Les
investissements sont mal gérés, entrainant un gaspillage financier énorme.
Ensuite, on constate des formations inadaptées qui ne coïncident pas avec les
besoins spécifiques de l’élève. En outre, l’Afrique est fortement touchée par
le problème des incitations des enseignants et des chefs d’établissement. Il
n’y a pas de véritable politique de liberté et d’indépendance du corps
enseignant dans le choix des programmes et de prise des décisions favorables au
développement de l’éducation.
Au regard de ce qui vient d’être souligné, le
chèque-éducation, dont l’expérience a été concluante dans de nombreux pays,
peut-il représenter une solution au désastre éducatif Africain ?
Le chèque-éducation : la solution ?
Le chèque-éducation est un système qui permet aux parents de
financer directement l'école dans laquelle leur enfant sera scolarisé. Il est
donné par l’administration, et les parents financent avec l'école de leur choix
directement et non forcément l'école que leur aurait été imposée. Ainsi
subventionne-t-on directement l’élève au lieu de subventionner l’établissement.
Ce système de démonopolisation de l’école favorise une extension de la
démocratie dans l’enseignement même et une réduction des inégalités sociales,
en facilitant la mixité des couches et des classes sociales.
Ce faisant, la décentralisation de la gestion s’impose pour
pallier les insuffisances et résoudre les problèmes qui minent l’éducation en
Afrique. En redonnant à l’élève et à la famille la liberté de choix de son
école, on oblige les établissements à adapter leur offre à la demande. Ce
système accroît ainsi nettement la responsabilisation des chefs d’établissement
pour qu’ils rendent des comptes sur leurs politiques pédagogiques, le
recrutement de l’équipe pédagogique et les résultats scolaires. Est ainsi créée
une émulation entre les différents établissements pour améliorer la qualité de
l’offre.
Des exemples
L’exemple remarquable de l’Inde a droit de cité dans le
programme de ce désormais fameux « voucher ». Aujourd’hui, une grande partie du
système éducatif est financé par les entreprises qui s’engagent à former les
élèves et dans les campagnes une école sur quatre est privée. L’étude récente
de la Banque Mondiale sur les Vouchers dans les pays du Tiers Monde souligne
les résultats satisfaisants (Chili, Colombie, Thaïlande, Philippine). Les
Etats-Unis restent le pionnier de ce modèle insufflé par Milton Friedman en
1962. En Floride, sur 1000 vouchers, 61% sont accordés aux enfants noirs et 30%
aux enfants d’origine Hispanique. En Europe divers pays ont expérimenté ce
modèle. Les écoles appliquant ce système sont d’une qualité meilleure grâce à
l’incitation compétitive engendrée. Aux Pays-Bas 76% des enfants choisissent
l’école privée grâce aux Vouchers. En Finlande et en Grande Bretagne près de
8000 euros sont octroyés aux parents pour choisir leur école. En Suède les
vouchers ont été généralisés (80% de bénéficiaires).
L'école du village ?
Joseph BRANDOLIN propose que l'école du village ne soit pas fréquentée seulement par
l’élève et l’enseignant, mais constitue l’espace éducatif communautaire
générateur des activités intégrables au développement de proximité de la
région. Il s’agit d’œuvrer pour que naisse une véritable synergie entre
l’éducation et le développement et de trouver de nouvelles stratégies pour
intégrer l’éducation dans le dispositif
de relance nationale.
Sous la pression de la Banque Mondiale et du FMI, de
nombreux gouvernements ont diminué la part de l’Education dans le budget de
l’Etat. « En république démocratique du Congo, elle n’est plus que de 6%,
contre 30% au moment des indépendances », souligne Jean – Pierre Kimbuya,
secrétaire général du SYECO. Au Niger, « 9%, contre un objectif affiché de 20%
», déplore Gaya Garka, secrétaire général adjoint du SNEN.
Devant le manque de moyens, la participation des familles a
souvent été sollicitée. Au Niger, elles contribuent à la construction et à
l’entretien des infrastructures, aux fournitures scolaires. Du coup, de
nombreux parents gardent leurs enfants à la maison. En RDC, la « motivation »,
participation financières imposée aux parents, a eu des effets dramatiques :
déscolarisation massive, notamment les filles, et augmentation de la
délinquance. Comme le souligne Joseph ZONGO, du SNEA-B, certains parents payent
pour que leur enfant obtienne un diplôme.
Une crise de vocation
Depuis des années, les institutions internationales ont
conditionné certains aides au développement de l’emploi précaire dans
l’éducation. Au Niger, de nombreux contractuels quittent leur poste dès qu’ils
trouvent un emploi mieux rémunéré : « dans certaines écoles, il n’y plus
d’enseignants car ils sont tous partis », explique G. Garka. Sous la pression
des syndicats, un programme de formation et de revalorisation des contractuels
a été élaboré. La formation des enseignants, et notamment des contractuels, est
partout insuffisante, nombre d’entre eux n’ont pas le niveau Brevet.
Une massification mal planifiée
Parmi les objectifs du millénaire pour le développement
figurait la hausse de la scolarisation dans le primaire. Cet objectif a été
partiellement atteint, ce taux passant de 40 à 70% au Niger. Dans de nombreux
pays, le second degré est incapable de faire face à l’afflux d’élèves. Les
effectifs pléthoriques, les conditions d’enseignement désastreuses, font
grimper le taux d’abandon. La prise de conscience de la nécessité de développer
maintenant le second degré progrès.
Le rôle des syndicats
Le morcellement des syndicats est un fléau dans les pays
d’Afrique Francophone. Certains syndicats, à la solde du pouvoir, ne comptent
qu’une poignée d’adhérents. Le Niger compte par exemple 50 syndicats
d’enseignants ! Pour Jean-Pierre Kimbuya, « il faut un syndicalisme de lutte
[…]. Le syndicalisme francophone doit être un véritable contre-pouvoir, en
s’appuyant sur les acteurs de la société civile. De plus, les syndicats doivent
devenir autonomes : l’aide reçue doit servir, à long terme, à tuer l’aide ».
Les syndicats présents à ce séminaire ont décidé de
s’organiser en réseau à l’occasion du forum Social Mondial, afin d’échanger des
informations sur les réformes, l’évolution des systèmes éducatifs, les ripostes
syndicales. La réflexion de chacun doit continuer à se nourrir des expériences
des autres pays, pour aller vers une éducation de qualité, gratuite, pour tous.
C’est un besoin urgent pour l’Afrique, tant « l’Education est la capacité à
comprendre le milieu et à agir dessus », comme le souligne Waly N’Diaye.
L’éducation protège contre la crise, le tabac et l’obésité
Les titulaires de diplômes de l’enseignement supérieur sont
moins touchés par le chômage en période de crise, fument moins et sont moins
susceptibles de devenir obèses, selon un rapport de l’Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE), dévoilé mardi.
«L’écart en termes d’emploi entre les jeunes qui ont un bon
niveau d’instruction et ceux qui ont abandonné tôt leurs études n’a cessé de se
creuser pendant la crise», souligne le 21e rapport «Regards sur l’éducation» de
l’OCDE.
L’organisation a passé au crible une trentaine d’indicateurs
(salaires des profs, taille des classes...) dans les pays membres de
l’organisation ainsi qu’en Afrique du sud, Arabie saoudite, Argentine, au
Brésil, en Chine, Inde, Indonésie et Russie.
La plupart des données s’arrêtent en 2011 et ne prennent
donc pas en compte les restrictions budgétaires ultérieures dans le cadre de la
crise de la dette. «Aujourd’hui, il est plus important que jamais de quitter
l’école avec un bon niveau de qualification», déclare le secrétaire général de
l’OCDE Angel Gurria, cité dans un communiqué. Il enjoint les pouvoirs publics à
«axer leurs efforts sur les mesures en faveur des jeunes», notamment «moins
qualifiés, les plus exposés au risque de bas salaire».
Le taux de chômage de ceux qui n’ont pas terminé le lycée
est presque trois fois plus élevé (13%) que celui des diplômés de
l’enseignement supérieur (5%).
Et les diplômés du supérieur perçoivent en moyenne un
salaire de 50% plus élevé que les diplômés du secondaire.
Pour la première fois, le rapport s’est penché sur la
corrélation entre le degré d’instruction, le tabagisme et l’obésité. En
moyenne, les diplômés de l’enseignement supérieur ont une probabilité moitié
moindre de devenir obèses, par rapport à ceux qui se sont arrêtés au
secondaire.
De même, dans des pays de l’OCDE où 30% des adultes fument
tous les jours, ce taux grimpe à 37% chez ceux qui se sont arrêtés au secondaire,
mais descend à 21% chez les diplômés du supérieur.
En somme, l’Afrique, secouée par les problèmes de
l’éducation, se doit de mettre en application les chèques éducation ou «
vouchers » comme solution de sortie de crise. Ce système de démonopolisation
entraine la baisse de l’illettrisme et des mauvais résultats des enfants
pauvres et aisés. C’est un programme favorable à tous et essentiel pour mettre
fin au désastre éducatif.
©Wao : Béatrice Seupa Ng.
©Wao : Béatrice Seupa Ng.
Source :
Joseph BRANDOLIN 'Réinventer l'éducation en Afrique' Editions Afrique Education/T.B. Conseils
Florian Lascroux dans L’US/MAG N° 706
Yves Mâkodia Mantseka est critique littéraire.(Libre Afrique)
Florian Lascroux dans L’US/MAG N° 706
Yves Mâkodia Mantseka est critique littéraire.(Libre Afrique)
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