Place au recueillement. Le Kenya entame ce dimanche trois jours de deuil national à la mémoire des 148 victimes, essentiellement des étudiants, de l'attaque de l'université de Garissa perpétrée par les islamistes somaliens shebab.
Le pays, chrétien à 80%, fêtera Pâques dans le chagrin: les
messes données à travers le pays seront largement dédiées aux personnes tuées
jeudi à l'aube sur le campus de l'université.
Le président kényan Uhuru Kenyatta a annoncé samedi soir trois jours de
deuil "durant lesquels nos drapeaux seront mis en berne".
"Nous ne plierons jamais"
"Mon gouvernement répondra le plus sévèrement possible
à l'attaque et à toute autre attaque", a-t-il déclaré dans sa première
intervention publique depuis cette attaque, la plus meurtrière au Kenya depuis
celle contre l'ambassade américaine de Nairobi en 1998 qui avait fait 213
morts. "Malgré l'adversité, nous n'avons jamais plié - et nous ne plierons
jamais", a-t-il affirmé.
Les responsables "seront traduits en justice", a
assuré Uhuru Kenyatta, dont le gouvernement essuie depuis trois jours les
critiques pour son incapacité à enrayer un cycle d'attaques des islamistes
shebab sur le sol kényan ayant fait plus de 400 morts depuis mi-2013.
"Contrer le terrorisme est devenu particulièrement
difficile, car ceux qui le planifient et le financent sont profondément
implantés dans nos communautés et étaient considérés comme des gens ordinaires
et inoffensifs", a-t-il averti, mais "nous ne les laisserons pas
continuer à vivre normalement".
"Les musulmans sont aussi victimes du terrorisme"
Uhuru Kenyatta a parallèlement exhorté le pays et ses
différentes communautés à rester unis: "Faisons en sorte que notre colère
justifiée (...) ne débouche sur aucune stigmatisation", en référence aux
musulmans, Somaliens ou Kényans d'ethnie somali, souvent pointés du doigt ou
victimes d'abus policiers après de telles attaques. Samedi, une poignée de
manifestants a défilé dans le quartier majoritairement somali d'Eastleigh à
Nairobi, rappelant que "les musulmans sont aussi victimes du
terrorisme" ou qu'être "musulman n'est pas être shebab".
Le président kényan s'est exprimé quelques heures après de
nouvelles menaces des islamistes somaliens qui ont promis au Kenya une
"longue et épouvantable guerre" et un "nouveau bain de
sang". Et cela tant que ne cesserait pas "l'oppression" des
musulmans au Kenya et "l'occupation des terres musulmanes" par
Nairobi. Sont ainsi évoquées la Somalie, où l'armée kényane combat les shebab
depuis 2011, ainsi que les régions kényanes musulmanes de la côte et de la
façade est.
"Vous avez choisi votre gouvernement de votre propre
gré, subissez donc les pleines conséquences de sa sottise", ont-ils lancé.
L'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite
basée en Egypte, Al-Azhar, a condamné le massacre samedi.
Une survivante dans une penderie
Samedi matin, plus de 50 heures après le début de l'attaque,
une survivante, cachée dans une penderie, a encore été retrouvée. La veille,
quatre rescapés avaient été secourus.
A bord de bus affrétés par le gouvernement, 663 étudiants
rescapés ont quitté Garissa pour rejoindre les villes dont ils sont
originaires. L'université est fermée jusqu'à nouvel ordre.
Jeudi à l'aube, un commando y est entré ouvrant le feu au
hasard, avant de pénétrer dans la résidence universitaire, séparant musulmans
et non-musulmans, laissant partir les premiers et gardant les seconds en otage.
Cinq suspects ont été arrêtés depuis jeudi: "Nous les
soupçonnons d'être des complices des assaillants (...), nous tentons d'établir
des liens", a expliqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur Mwenda
Njoka. Deux d'entre eux ont été arrêtés à l'intérieur de l'université: un
Tanzanien, caché avec des grenades, et un vigile kényan d'ethnie somali,
soupçonné d'avoir aidé les assaillants à entrer, toujours selon cette même
source. Les trois autres suspects ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de
fuir vers la Somalie.
Quatre membres présumés du commando tués
Quatre membres présumés du commando ont été tués. La police
a exhibé samedi leurs dépouilles nues et ensanglantées dans les rues de
Garissa, devant une foule en colère ou indignée par cette sinistre parade.
Jeudi, les autorités avaient offert d'une récompense
d'environ 200.000 euros pour la capture du cerveau présumé de l'attaque,
Mohamed Mohamud, alias "Kuno", ancien professeur kényan d'une école
coranique de Garissa.
Ce massacre s'inscrit dans la lignée de l'assaut du centre
commercial Westgate ou d'une série de raids sur la côte kényane et dans la
ville de Mandera frontalière de la Somalie, au cours desquels environ 160
personnes au total avaient été exécutées en 2014.
Affaiblis en Somalie, les islamistes ont choisi le Kenya,
pays frontalier, miné par la corruption, où une minorité musulmane jeune et
délaissée constitue un terreau à l'islamisme radical, pour montrer qu'ils
peuvent continuer de frapper à leur guise, estiment les observateurs.( BFMNews)
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