Pour la première fois depuis l'échec du coup d’État au Burundi, le président Pierre Nkurunziza est apparu publiquement dimanche à Bujumbura, à dix jours du début d'élections générales qui pourraient être légèrement reportées.
Vêtu d'un costume bleu à manches
courtes, l'air détendu et souriant, M. Nkurunziza s'est exprimé très brièvement
devant la presse à son palais du centre de la capitale, serrant même la main de
quelques journalistes. Il n'a cependant pas parlé des derniers événements
politiques dans son pays, se contentant d'évoquer en trois phrases des mesures
contre de possibles attentats islamistes.
C'est la première apparition officielle
et publique de M. Nkrurunziza, cinq jours après la tentative de coup d’État qui
a menacé de le renverser alors qu'il assistait en Tanzanie à un sommet régional
sur la crise politique que connaît actuellement le Burundi.
Depuis fin avril, le chef de l’État,
au pouvoir fin avrildepuis 2005, fait face à un mouvement de contestation
populaire contre sa candidature à un troisième mandat pour la présidentielle du
26 juin, ceci alors que des élections législatives et communales sont
théoriquement prévues dès le 26 mai.
Les militaires putschistes
avaient justifié leur tentative de coup par le "mépris" de M.
Nkurunziza envers son peuple sur cette question d'un troisième mandat, que
l'opposition et la société civile jugent anticonstitutionnel. Alors que le putsch
était encore en cours, le président était rentré dès jeudi soir au Burundi,
selon la présidence, d'abord dans sa région natale de Ngozi (nord) puis à
Bujumbura vendredi, précipitant l'échec de la mutinerie.
Une vingtaine de putschistes,
dont au moins trois meneurs, ont depuis lors été arrêtés et présentés à la
justice. Le cerveau présumé du coup, le général Godefroid Niyombare, un
ex-compagnon d'arme de Pierre Nkurunziza au sein de la guérilla hutu
aujourd'hui au pouvoir, est toujours en fuite, selon les autorités.
Ces événements se déroulent à dix
jours du scrutin législatif, dont la campagne --détail presque surréaliste dans
le contexte actuel-- a officiellement déjà commencé. Et ce malgré de multiples
appels pour un report des élections générales, notamment de l'Union européenne,
des États-Unis et même l'Union africaine, qui jugent le climat peu propice à
leur bonne tenue.
Un report de "deux ou trois
jours"
Interrogé dimanche à ce sujet, un
conseiller à la présidence, Willy Nyamitwe, a évoqué pour la première fois
depuis le début de la crise un possible report, infime toutefois, du processus
électoral: "ça s'est passé en 2005, ça s'est passé en 2010, pourquoi ça ne
se passerait pas en 2015 si la Commission (électorale) trouve qu'on peut faire
un glissement de deux au trois jours, d'une semaine...".
Il revient à cette Commission
(Ceni) d'évaluer "si les conditions sont réunies pour la tenue des
élections", a-t-il toutefois souligné, rappelant également les
"délais" imposés par la Constitution pour éviter toute vacance du
pouvoir.
Le report des élections est
demandé par certains responsables de l'opposition, mais les manifestants
exigent avant tout le retrait de la candidature de M. Nkurunziza.
M. Nyamitwe a par ailleurs
"condamné avec la dernière énergie" les attaques qui ont visé
plusieurs radios privées pendant la tentative de putsch. La présidence
"regrette vraiment qu'on en arrive à faire taire les médias d'une façon
aussi violente", a-t-il déclaré, assurant que ces médias pouvaient
reprendre leurs émissions "à n'importe quel moment".
La RPA, la Radio-Télé
Renaissance, et deux autres radios privées, Bonesha et Isangarino, qui avaient
diffusé les messages des putschistes, ont été attaquées par les forces
pro-Nkurunziza pendant la tentative de coup et ne peuvent plus émettre
aujourd'hui. Dès le premier jour des manifestations, ces radios avaient été la
cible des autorités, la RPA étant même complètement coupée. Une autre station
privée, Radio Rema, considérée comme la voix du Cndd-Fdd au pouvoir, a été saccagée
par des manifestants opposés au troisième mandat.
Il ne reste quasiment plus
aujourd'hui de médias privés indépendants au Burundi, alors que la
radio-télévision (RTNB) continue elle de relayer les messages présidentiels. Le
patron de la RPA a fui à l'étranger et plusieurs journalistes de médias privés
se cachent.
Opposants et membres de la
société civile craignent les représailles du pouvoir et des Imbonerakure. Ces
jeunes du parti présidentiel sont accusés d'appuyer les services de sécurité et
sont très implantés dans le quartier de Kamenge, un fief du Cndd-fdd en
périphérie nord-est de Bujumbura.
Après trois semaines de
contestation, la capitale connaissait dimanche une journée d'accalmie, avec une
activité réduite dans les rues du centre-ville.
Aucune manifestation n'était
prévue en cette journée de "trêve", selon un leader de la
contestation, qui a promis une reprise des rassemblements "lundi
matin", même si des manifestants disaient avoir conscience des risques
d'une poursuite de la mobilisation.
Dès son retour vendredi à
Bujumbura, le chef de l’État a clairement mis en garde les opposants à sa
candidature présidentielle, faisant le lien entre les manifestants et les
militaires qui ont tenté de le renverser, tout en exigeant "avec
force" l' "arrêt immédiat du soulèvement" populaire.( Jeuneafrique)
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