Hamidou Hamidou exhibe fièrement son pouce tâché d’encre bleue. Il était impatient de glisser son bulletin dans l’urne du bureau de vote de Garoua-Boulaï, petite ville de l’est du Cameroun où vivent plusieurs milliers de réfugiés centrafricains.
« Je veux que la paix revienne. Il est temps d’avoir un nouveau président qui va enfin reconstruire notre pays », lance-t-il en souriant de toutes ses dents gâtées par le tabac.
Environ
12 000 réfugiés de Garoua-Boulaï comme Hamidou Hamidou se
sont inscrits sur les listes électorales en vue de la présidentielle
du 30 décembre. En file indienne, ils ont attendu toute la
journée pour choisir leur
candidat sur l’unique bulletin de vote à disposition, une fiche où
sont inscrits une trentaine de noms. Le temps d’entrer dans
l’isoloir de fortune, d’apposer leur pouce teinté d’encre
devant leur candidat et d’introduire la feuille dans l’urne,
l’opération dure bien cinq minutes par personne.
La
plupart de ces réfugiés n’ont jamais voté. Nous
devons expliquer et
réexpliquer à chaque électeur le processus », explique
Alain Bambo, président du centre de vote de Garoua-Boulaï. Dans
chacun des neuf bureaux de ce centre,
les électeurs sont aidés par des agents formés par l’Autorité
nationale des élections (ANE), l’organe en charge des scrutins en
RCA.
Enthousiasme tempéré
Non
loin de là, le camp de Gado-Badzere compte 25 000 personnes.
C’est l’un des plus grands camps des réfugiés centrafricains au
Cameroun. Seulement 6 000 d’entre eux se sont inscrits sur les
listes. Fadimatou Issa, 25 ans, s’est prononcée « pour
la paix et Karim Meckassoua, celui qui peut ramener la
joie en Centrafrique ».
Près d’elle, son frère aîné, 28 ans, hoche la tête.
« J’ai
voté Martin Ziguélé car, il est le seul homme capable de
nous sauver en Centrafrique.
Il peut unir les
chrétiens et les musulmans pour toujours »,
affirme pour sa part Patient, un jeune homme de 23 ans. Les
responsables du bureau qui les accueillent, sourient devant tant
d’enthousiasme.
Il
faut pourtant aussi compter avec
l’agacement de certains électeurs empêchés de voter.
« L’ANE,
depuis Bangui, nous a demandé de ne pas faire voter
les candidats qui n’avaient pas leurs noms sur les listes, même
s’ils détiennent une carte d’électeur »,
explique Joseph Prince Kpokpolingou, coordonnateur des élections sur
le site de Gado-Badzere.
« C’est
comme ça qu’ils complotent pour organiser une
autre guerre. Comment est-il possible que j’aie ma carte et pas mon
nom sur la liste,
fulmine Youssouf Ahmet. C’est
de la fraude. De la fraude tout court car, quelqu’un d’autre va
voter à ma place ».
Le
Cameroun abrite le plus grand nombre de réfugiés centrafricains.
Plus de 200 000 d’entre eux s’y sont installés dans quatre
régions, principalement à l’Est et au Nord, selon
l’ONU.(@lemonde)
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