La 46e édition du Forum économique mondial, qui accueille l'élite économique et politique de la planète, s’ouvre ce mercredi 20 janvier à Davos. Quelque 2 500 participants, des grands patrons, des banquiers centraux, une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement et des personnalités de la société civile vont pendant quatre jours, dans la petite station des Alpes suisses, plancher sur la « 4e révolution industrielle », thème arboré pour cetté édition 2016.
La digitalisation de l'économie, cette combinaison de
nouvelles technologies, de progrès de la robotisation, l'Internet des objets,
le « big data », l'impression 3D. En somme, ce que l'on appelle un peu
rapidement « l'ubérisation de l'économie », est en train de changer en
profondeur les sociétés.
Un rapport du Forum économique mondial, publié à Davos,
prédit de larges perturbations non seulement sur le modèle des affaires, mais
aussi sur le marché du travail. Cinq millions d'emplois pourraient disparaître
dans les cinq ans à venir et des pans entiers de l'industrie menacent d'être
détruits.
Le rapport est volontairement alarmiste. Car pour les
organisateurs, si rien n'est fait pour comprendre cette révolution en marche,
pour gérer cette transition à moyen terme et créer une main-d'œuvre avec des
compétences pour l'avenir, les gouvernements devront faire face à un chômage en
hausse constante, à des inégalités de plus en plus profondes, et à leur pendant
: l'instabilité sociale.
Crise migratoire mondiale
Cette menace réelle risque toutefois d'être balayée par des
problèmes beaucoup plus immédiats, car les motifs d'inquiétudes ne manquent pas
: la croissance chinoise marque le pas, les cours des matières premières sont
au plus bas, plongeant les grands pays émergents dans la crise, les marchés et
l'économie en général sont volatiles, le terrorisme menace...
Surtout, la crise migratoire est considérée par le Forum
économique mondial comme le risque global majeur pour les douze prochains mois.
Quelque 60 millions de personnes à travers le monde, bien plus que le million
qui affole l'Europe, ont en effet été contraintes de quitter leurs foyers. Des
sujets qui devraient occuper en priorité la cinquantaine de chefs d'Etat et de
gouvernement qui vont se croiser à Davos.
Des grands patrons pessimistes
Ce contexte très incertain se reflète sur les grands
patrons, qui abordent cette année 2016 l'air plutôt pessimiste. C'est du moins
ce que révèle une étude du cabinet Price WaterHouse Cooper, publiée à Davos et
selon laquelle 27 % d'entre eux seulement pensent que l'économie mondiale va
connaître une embellie sur les douze prochains mois, alors qu'ils étaient 37 %
l'année dernière. Tout aussi inquiétant, 23 % des dirigeants de multinationales
tablent sur une détérioration de la croissance, contre 17 % un an plus tôt.
Concernant leur propre entreprise, tout juste un peu plus
d'un tiers des patrons interrogés, soit 35 %, se montrent confiants sur leurs
perspectives de croissance, contre 39 % il y a un an. Si le durcissement de
l'environnement règlementaire, mentionné par 79 % des patrons, reste la
principale préoccupation, les inquiétudes géopolitiques, citées par 74 % des
sondés, ont bondi de la quatrième à la deuxième place cette année.
Un monde de plus en plus inégal
Un autre rapport est également très commenté à Davos, celui
de l’ONG britannique Oxfam, qui révèle que le patrimoine cumulé des 1 % les
plus riches de la planète a dépassé l'an dernier celui des 99 % restants avec
un an d'avance sur les prévisions. Autres chiffres alarmants brandis par Oxfam
: en quinze ans, le patrimoine de la moitié la plus pauvre de la population
mondiale s'est réduit de 1 000 milliards de dollars, alors que dans le même
temps, celui des 62 premières fortunes mondiales a augmenté de plus de 500
milliards.
Si la crise qui a frappé l'économie mondiale a contribué à
accentuer le creusement de ces inégalités, elle n'a visiblement pas touché les
plus nantis, aujourd'hui plus riches que jamais, estime Oxfam. Et pour l'ONG,
l'un des moyens de lutter contre cet accroissement des inégalités est de
s'attaquer à l'évasion fiscale, qui prive les Etats de recettes qui pourraient
être investies dans la santé ou l'éducation. Ainsi, pour le continent africain,
ce sont pas moins de 100 milliards de dollars qui, chaque année, échappent au
fisc.
Et si Oxfam a choisi de publier son rapport choc à Davos, ce
n'est pas anodin. L'ONG, qui a enquêté sur quelque 200 multinationales, révèle
que neuf entreprises sur dix parmi les partenaires stratégiques du Forum économique
mondial sont présentes dans au moins un paradis fiscal.(@rfi)
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