Cameroun: Le Juge et le Sorcier

Au Cameroun, le crime de sorcellerie est puni par la loi. Une survivance bien commode faute de moyens d`investigation modernes. Chaque année, les tribunaux de brousse comme Ngoumou traitent des centaines d`affaires de sorcellerie. 
Tsala Engama, colonel de gendarmerie de Yaoundé, s`extrait péniblement de la voiture. La cinquantaine, l`allure digne, le visage marqué d`une tristesse indéfinissable, il s`avance sur ses cannes à l`intérieur du tribunal pour rejoindre sur le banc des plaignants son frère Etoundi. Après trois ans d`enquêtes et de débats, les deux hommes viennent écouter la sentence qui doit s`abattre sur leur troisième frère, Louis Engama, accusé avec ses complices d`avoir rendu infirme le colonel et assassiné son neveu, le fils d`Etoundi. Tout ça parce que Louis voulait accaparer les terres héritées de leur père. 

Un banal règlement de comptes familial, comme il s`en joue partout dans le monde ? Pas seulement. Comme toutes les semaines ou presque, le tribunal rural de Monatélé, une bourgade dans les environs de la capitale Yaoundé, fait en filigrane le procès de la sorcellerie. Un phénomène qui imprègne tant la culture que la législation locale. Prenant quelques libertés avec le code Napoléon, partie intégrante de l`héritage colonial, le code camerounais s`est africanisé pour partir en croisade contre l`occultisme. Son article 251 punit de 2 à 10 ans de prison et d`une amende de 5 000 a 100 000 CFA "la pratique de la sorcellerie, magie ou divination susceptible de porter atteinte à la tranquillité publique ou de porter atteinte aux personnes". Et le tarif grimpe encore quand ces pratiques ont cours dans des affaires d`homicide. 

Fétiches 
En se fondant sur cet article, les tribunaux traitent chaque année de centaines de procès en sorcellerie. "Ça ne veut pas dire que la justice camerounaise reconnaît la puissance des forces occultes, mais le fait que beaucoup de gens y croient", nuance Alfred Koum, avocat au barreau de Douala. Dans les campagnes, les maladies ou décès inattendus sont rarement attribués à des causes naturelles. Faute d`éducation, les victimes et leur entourage sont prompts à accuser leur voisin de sorcellerie. "Ces querelles de voisinage dégénéraient en règlements de comptes. Le législateur a dû intervenir", poursuit Alfred Koum. 
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