Cameroun - « Feowl » / une plate-forme internet pour lutter contre les coupures d’électricité
Des journalistes européens et africains
s’associent pour mettre en place une plate-forme internet recensant les
coupures de courants à Douala. Elle permettra de mesurer l’ampleur du
problème, considéré comme un véritable fléau dans la capitale économique
du Cameroun.
Pour mener à bien cette initiative non gouvernementale,
ils comptent sur l’implication des habitants de la ville.
Recenser avec précision l’ampleur des coupures
d’électricité à Douala, tel est l’objectif de Feowl. Cette plate-forme
internet collectera et analysera les informations envoyées par les
habitants victimes de ces pannes énergétiques très fréquentes dans la
capitale économique du Cameroun. Une approche innovante qui se veut une
première étape pour combattre le problème des délestages, comme on les
appelle au Cameroun, et sur lesquels aucune donnée précise n’est
disponible.
Ces défaillances techniques aux multiples
ramifications économiques et sociales minent la qualité de vie des
habitants. La liberté d’expression des citoyens est aussi en jeu comme
le rapelle Julie Onowo, membre d’Internet Sans Frontière et partenaire
du projet, car un accès stable à l’électricité est indispensable à
l’usage d’internet.
Une plate-forme sur laquelle les résidents viendront chaque jour évaluer leur approvisionnement en électricité
« Ce qui peut être mesuré peut être changé », telle est la devise du
projet mené par une équipe de journalistes et de développeurs européens
et africains. Pour répondre aux rapports contradictoires des autorités
et au manque d’information fiable sur la question énergétique en
Afrique, l’équipe a imaginé une plate-forme open-source (c’est-à-dire
ouverte aux contributions extérieures) sur laquelle les résidents de
Douala viendront chaque jour évaluer leur approvisionnement en
électricité. Entre deux coupures de courant, ils pourront utiliser
Facebook, Twitter ou bien leur téléphone pour se connecter et envoyer
leurs informations.
Au final, les données collectées seront vérifiées,
organisées et rendues publiques par les « datajournalistes » : des
spécialistes de la collecte et de l’analyse de données brutes. Avec
cette méthode basée sur le crowdsourcing, Feowl entend répondre à des
questions très concrètes : combien de temps dure en moyenne une coupure ?
Quel quartier est le plus touché? À quel moment de la journée ? Quelle
est l’incidence sur l’activité économique de la ville ?
Un défaut d’alimentation du fournisseur tout comme la chute d’un arbre peuvent causer ces délestages
Co-piloté par deux pionniers du « datajournalisme » en France, Nicolas
Kayser-Bril et Pierre Romera, Feowl se veut avant tout un travail «
journalistique d’utilité publique », à destination des ONG et du
gouvernement. Actuellement sur place, les deux journalistes font le tour
des radios locales pour faire connaître leur idée auprès de la
population. Joint au téléphone par RFI, Nicolas Kayser-Bril explique
avoir voulu se rendre compte sur place de l’ampleur et de la nature du
problème, car à la différence des pays occidentaux où une coupure de
courant est facilement identifiable, en Afrique les causes peuvent être
multiples. Un défaut d’alimentation du fournisseur (volontaire ou non)
tout comme la chute d’un arbre sur une ligne de courant ou bien une
panne de disjoncteur de contrebande peuvent causer ces délestages. Il
est donc impossible pour les fournisseurs de courant locaux de mesurer
le problème avec précision.
Feowl devrait lancer sa plate-forme en octobre
Financé par International Press Institute après avoir gagné un concours
international, Feowl devrait lancer sa plate-forme d’open-data en
octobre. Objectif, si les résultats sont concluants : étendre leur étude
au reste du pays et pourquoi pas en dehors des frontières du Cameroun.
Les créateurs du site s’engagent par ailleurs à mettre le code de la
plate-forme en accès libre, permettant ainsi à de nouveaux développeurs
d’adapter cette méthode pour étudier d’autres carences énergétique et
sanitaire, l’approvisionnement en eau par exemple. Si Feowl réussit son
pari, on devrait donc y voir plus clair au Cameroun, au sens propre
comme au figuré.(camer.be)
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