Le pouvoir ivoirien fait preuve de volontarisme pour moraliser la gouvernance. Mais il faut plus qu'une simple loi pour éradiquer des pratiques profondément ancrées.Ce n’est un secret pour personne, la lutte contre la fraude et la corruption restent le véritable défi de tous les Etats africains, confrontés aux exigences de la bonne gouvernance.
En Côte d’Ivoire par exemple, l’actuel chef de l’Etat,
Alassane Ouattara, en a fait une de ses priorités.
S’il réussit à relever ce challenge titanesque, il va sans
dire, qu’il rentrera à jamais dans l’histoire de notre pays, et de l’Afrique
toute entière.
Corruption dénoncée mais banalisée
La fraude et la corruption sont profondément enracinées dans
toutes nos activités au quotidien, à tel point qu’elles semblent
fondamentalement inscrites dans nos gênes et transmises de génération en
génération, de manière naturelle.
Ce qui ailleurs peut être vu comme des comportements
illégaux et immoraux, sont considérés chez nous comme des pratiques ordinaires
et banales.
Lors de son discours de politique générale devant les
parlementaires, le 16 juillet 2012, le Premier ministre ivoirien Jeannot
Koudiao-Ahoussou a annoncé qu’il présenterait à l’Assemblée nationale, un
projet de loi, dans le cadre de la lutte contre la fraude et la corruption.
Pour lui, «la
bonne gouvernance doit être une réalité en Côte d’Ivoire. Nous devons réduire à
néant les poches de la corruption qui gangrène encore notre économie. C’est un
important défi que le gouvernement entend relever, quel qu’en soit le prix.
Ainsi, l’accent sera mis sur la lutte contre
la corruption et la moralisation de la vie publique, à travers
l’opérationnalisation de la brigade anti-corruption et l’audit des structures
publiques afin de s’assurer du respect scrupuleux des contrats de performance
engageant les dirigeants des entreprises publiques.»
On peut dire le droit, mais ne pas l’appliquer
Cette déclaration traduit la volonté de moralisation de la
vie politique, économique et sociale, dans la lutte contre la fraude et la
corruption, et l’instauration d’une politique de bonne gouvernance.
Face à l’ampleur de ces phénomènes, cette volonté politique
peut-elle suffire à les éradiquer par la loi?
En France par exemple, malgré l’article 40 du Code de
procédure pénale qui oblige tout fonctionnaire ayant connaissance d’un fait
délictueux et répréhensible, à le porter à la connaissance du Parquet, ces
actes demeurent toujours.
Alors, au regard de ce projet de loi unanimement salué,
chaque citoyen peut se poser cette question: comment mettre en application
cette volonté politique à travers une loi, si elle est votée?
Comme nous le savons tous, une loi peut être votée par le
parlement, puis, suivie d’un décret d’application et ne jamais s’appliquer au
quotidien, parce qu’elle va à l’encontre de vieilles habitudes, qui se sont
instituées en règles et régissent nos actes dans la société.
La vigilance du «petit peuple»
C’est peut-être au petit peuple, celui qui ne profite pas de
ces pratiques illicites, qui subit au quotidien ses méfaits, de réagir en
prenant en main sa propre destinée.
C’est encore à lui d’imposer sa volonté à tous nos élus, à
qui il a confié la gestion de notre nation, pour un temps limité.
C’est aussi à lui que revient le pouvoir ultime de les
sanctionner, pour ces conduites répréhensibles, qui les pénalisent, parce qu’ils
doivent sans cesse renflouer les caisses de l’État par leurs impôts qui sont
dilapidés abusivement.
C’est, enfin, encore à lui de prendre ses responsabilités en
dénonçant tous les abus, toutes les fraudes et corruptions dans les
administrations, services publics, sociétés d’État et à participation
financière de l’Etat.
Il existe pour cela plusieurs structures chargées de
l’inspection, du contrôle et des audits des organes publics.
Macaire Dagry (Fraternité Matin) -slateafrique
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