Le président malien de
transition, Dioncounda Traoré, a signé lundi 20 août le décret portant
formation du nouveau gouvernement d'union nationale réclamé par la Cedeao.
Intégrant des représentants des différents groupements politiques maliens, la
nouvelle équipe a un objectif prioritaire : la reconquête du Nord-Mali, occupé
par des islamistes armés.
Le remaniement tant attendu à
Bamako a été annoncé lundi 21 août au soir par un décret présidentiel diffusé
dans les médias publics. Il ne s’agit pas d’une refonte totale de l’exécutif
mais bien d’un réaménagement permettant d’atteindre l’objectif d’unité nationale
recherché par le président de transition, Dionconda Traoré, qui a reconduit son
Premier ministre Cheick Modibo Diarra.
Premier enseignement : la
nouvelle équipe de 31 ministres (contre 24 dans la précédente), dont quatre
femmes, compte des représentants de presque tous les regroupements politiques
maliens. Au premier rang desquels le Front pour la démocratie et la République
(FDR, front anti-putsch), dont le vice-président, Tiéman Coulibaly, entre au
gouvernement en qualité de ministre des Affaires étrangères. Également
président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), le nouveau
chef de la diplomatie s’était opposé très tôt au putsch du 22 mars contre le
président Amadou Toumani Touré.
La religion entre au gouvernement
Il remplace Sadio Lamine Sow,
réputé proche du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur la Cedeao dans
la crise malienne. Autre changement notable : l‘ancien haut-fonctionnaire des
Nations-Unies, Hamadoun Touré, cède le portefeuille de la Communication à Bruno
Maïga, qui était ministre délégué dans le précédent gouvernement.
Deuxième enseignement : alors que
le Mali est un pays constitutionnellement laïc, un ministère des Affaires
religieuses et du Culte est crée. Confié au Docteur Yacouba Traoré, celui-ci
sanctionne en quelque sorte l’importance du débat religieux et la montée de
l’islamisme dans la société malienne.
La place des militaires
Troisième enseignement : les
militaires maliens gardent les ministères stratégiques qu’ils avaient
précédemment conquis. Ainsi, parmi les ministres reconduits à leurs postes,
figurent un colonel-major à la Défense (Yamoussa Camara), un général à la Sécurité
(Tiéfing Konaté), un colonel à l'Administration territoriale (Moussa Sinko
Coulibaly). Restent en place également des civils comme Malick Coulibaly à la
Justice et Soumana Makadji à la Santé.
La formation du gouvernement
d’union nationale répond à un ultimatum de la Cedeao, excédée par les
atermoiements de la classe politique malienne et l’inefficacité du Premier
ministre Cheick Modibo Diarra, apparemment incapable d'exercer un réel
leadership sur la transition et les militaires putschistes.
Le 7 juillet dernier, les chefs
d'Etat l’organisation régionale avait fixé au 31 juillet la date limite pour la
formation d'un nouvel exécutif politiquement stable pour pouvoir partir à la
reconquête du Nord, occupé par les islamistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique
(Aqmi). L’ultimatum avait ensuite été prorogé, la menace d’exclusion de la
Cedeao s’éloignant pour le Mali. La Cedeao prépare l'éventuel déploiement au
Mali de quelque 3 300 soldats mais les contours de cette force, logistiquement
soutenue par plusieurs pays occidentaux, restent encore flous. Elle attend la
demande formelle du pouvoir de transition à Bamako, ainsi qu'un mandat du
Conseil de sécurité de l'ONU.
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