Aussitôt le décret présidentiel créant
la Camair-co publié, une maffia vorace et obstinée s’est mise en place pour plomber
notre compagnie aérienne. A la manoeuvre de cette oeuvre de destruction, un
certain Essimi Menye, alors ministre des Finances.
Il aura tout fait pour
couler la Camair-co. Hauts faits d’un ministre en guerre contre les intérêts de
son propre pays.
Paul Biya aurait-il pu soupçonner que
la nomination de Lazare Essimi Menye comme ministre des Finances sonnerait la
mort de la Camair-co ? A en croire le soin mis à peaufiner le lancement de la
nouvelle compagnie qui devait naître des cendres de la Camair, on peut en
douter. En effet, le comité technique de privatisation et de liquidation des
entreprises publiques et parapubliques avait prévu, selon le choix du
gouvernement, une scission/liquidation pour la Camair. Mieux, le processus
était monté de telle sorte qu’il n’y aurait pas de rupture de fonctionnement
entre la liquidation de la Camair et la naissance de la Camair-co. Et le ciel
camerounais n’aurait connu aucune absence de ses avions dans le trafic. C’était
hélas compter sans la détermination de certains « serviteurs de l’Etat » à
faire leur beurre sur le dos de la future Camair-co.
La première aberration vient du fait
que le lancement de la Camair-co intervient cinq après le décret présidentiel
qui marque sa création. Créée le 11 septembre 2006 par décret présidentiel, la
Camair-co ne démarrera ses activités que le 28 mars 2011 (soit 5 ans plus tard)
par un vol inaugural Douala/Yaoundé. Mais cet envol confirmera très vite les
appréhensions des observateurs avertis. Par exemple, à peine un mois après son
lancement, la compagnie avait déjà signé 3 annulations de vols de l’essentiel
de sa flotte (2 Boeing 767-300 et 737-700). De l’avis de plusieurs experts de
l’aéronautique, ces annulations sont la conséquence des insuffisances du
business plan actuel qui a supplanté celui initial. L’actuel business plan
n’affiche quasiment aucune ambition pour la compagnie à naître, puisqu’il la
réduit à une compagnie de seconde zone. Pourtant, le ciel camerounais n’a
jamais été aussi prometteur, accueillant de multiples compagnies aussi bien
africaines qu’occidentales.
Pourtant, au départ, la nouvelle
compagnie était partie pour tenir la dragée haute à la concurrence qui
sillonnait notre espace aérien. D’après le plan initial concocté sous la
houlette de Polycarpe Abah Abah, alors ministre des Finances, l’administration
provisoire de la Camair devait procéder à un dégraissage progressif des
effectifs sous forme de départs volontaires pour ne garder à la fin que les
effectifs nécessaires au démarrage de la nouvelle compagnie. Cette disposition
était appuyée par la poursuite du processus de restitution des deux aéronefs (1
Boeing 767-300 ER et 1 Boeing 757-200 ER) appartenant à Ansett en dry-lease de
la Camair pour soutenir la migration en douceur de la Camair vers la Camair-co.
Le ministre qui voulait être Dg de la
Camair-co
Mais l’arrivée de Lazare Essimi Menye
à la tutelle financière de la compagnie viendra tout remettre à plat. Dès sa
nomination comme ministre des Finances, celui qui était, jusque-là ministre
délégué au Budget et qui entretenait des rapports plus qu’exécrables avec son
prédécesseur aux Finances, Polycarpe Abah Abah, va mettre sa achine en branle.
La promotion d’Essimi Menye, loin d’apporter le soutien escompté de l’Etat au
bon avancement de la migration de la Camair, va s’avérer comme un véritable
boulet de canon. Ni une ni deux, le nouveau patron des Finances va d’abord et
avant tout chercher à anéantir les efforts de l’ancien ministre des Finances.
Il commence par neutraliser dans le circuit du ministère tous ceux qu’ils
considèrent comme étant ses proches. Ensuite, sans aucune justification, il
interrompt l’option de scission/liquidation approuvée par le président de la
République et qui était pourtant déjà en marche. Il improvise alors une mission
de contrôle du Minfi à la Camair, visant uniquement la gestion des subventions
de l’Etat à la compagnie.
Une mission bâclée au sortir de
laquelle il impute à Hamani Gamo, l’administrateur provisoire, la disparition
de 64 milliards de francs Cfa supposés décaissés du Minfi et qui n’auraient
jamais été reversés dans les caisses de la Camair. Ainsi fut limogé sous son
instigation, Hamani Gamo, accusé de les avoir détournés avec la complicité
d’Abah Abah. Dans la foulée, Essimi Menye supprime la subvention de l’Etat à la
Camair, signant ainsi sa mort. Le plan d’exploitation mis sur pied par
l’assemblée générale est stoppé tout net.
Ce n’est que longtemps après que la
Camair-co va commencer ses activités. Le temps pour les adversaires du Cameroun
de compromettre toute chance de succès pour elle. Tous les experts en
aéronautique sont formels là-dessus : dans le cadre d’une scission/
liquidation, la transition entre les deux structures durent entre 24 et 72
heurs, le temps d’un week-end, par exemple. C’était par exemple le cas pour SN
Brussels ou Swiss Air.
Faute pour la Camair et la Camir-co
d’assurer la continuité de l’exploitation, les pilotes, les personnels
navigants et au sol, ont vu leurs licences se périmer avant même le démarrage
de la Camair-co. Il devenait impossible pour eux d’effectuer des vols
puisqu’ils devaient recommencer le processus d’agrément de leurs licences. La
vérité est que le décret présidentiel créant la Camair-co a provoqué une rude
bataille pour le contrôle de la nouvelle compagnie. Quatre camps s’affrontaient
alors : le camp de l’ex Premier ministre Ephraïm Enoni, celui de Plycarpe Abah
Abah, celui de l’ex Mintrans Gounoko Haounaye et celui du Minepat Louis-Paul
Motaze. C’est dans ce contexte de lutte féroce que Lazare Essimi Menye est nommé
en remplacement d’Abah Abah. Le nouveau Minfi va s’aliéner trois des
protagonistes pour combattre la solution Motaze qui, selon plusieurs sources
proches du dossier, était le plus avantageux pour le Cameroun. Il s’attaque
ensuite à celle de l’ancien premier ministre qu’il n’a aucune peine à
déstabiliser. La suite est un jeu d’enfant. Il provoque la démission du
directeur général Gilbert Mintono. Désormais tutelle d’une compagnie sans
patron, il a toutes les cartes en mains. Même la présence de l’actuel Premier
ministre au poste de Pca ne le découragera pas. Au moment de lancer la
compagnie, l’équipe mise sur pied par le conseil d’administration préconise
deux options pour la flotte : soit 5 avions dont 1 B777 pour Douala-Paris, 1
B767-300 pour Dubaï, Johannesburg, Dakar et 3 B737-500 pour les vols intérieurs
et régionaux ; soit alors en cas de la non disponibilité financière suffisante,
1 B767- 300, 1 B737-800 et 2 B737-700. Cette préconisation sera approuvée par
toutes les autorités administratives impliquées.
Le conseil engage alors les
pourparlers avec Boeing. Ceux-ci sont bien avancés quand le conseil et le
Premier ministre apprennent que le Minfi Essimi Menye a déjà signé un contrat
pour l’élaboration d’un business plan de la Camair-co avec Lufthansa Consulting
pour un montant d’un millions d’euros hors débours. La facture finale de cette
prestation avoisinera le milliard de francs Cfa. Outre que le montant exigé
pour établir le business plan est hors de prix, Lufthansa Consulting
recommandera pour le Cameroun la création d’une compagnie de très petite
taille, avec seulement 4 avions. Quand on y regarde bien, on comprend le
laxisme de Lufthansa. En effet, pendant qu’elle montait le business plan
commandé par Essimi Menye, la Lufthansa a demandé l’autorisation de voler de
nouveau au Cameroun. Certainement parce qu’elle a découvert que le Cameroun
était un bon risque. Comment dès lors pouvait-elle concourir à la bonne
implantation de la Camair-co dans un secteur où elle comptait conquérir des
parts de marché ? D’ailleurs, devant le refus des autorités camerounaises
d’accéder à sa demande, la Lufthansa, actionnaire majoritaire de Sn Brussels,
va envisager de créer une compagnie en Rd Congo, Korongo Airlines pour
conquérir le ciel africain à partir de Lumumbashi. On se prend à rêver quand on
pense que c’est un membre du gouvernement qui soutient activement un tel
concurrent contre notre compagnie nationale.
Quand Essimi Menye et Lufthansa vident
les caisses de la Camair Le Pca Philemon Yang croit à une blague de mauvais
goût et encourage son équipe à poursuivre les négociations. Il comprendra à ses
dépens qu’Essimi Menye ne sait pas faire les choses à moitié. Le Minfi,
imperturbable, fait venir l’équipe de Lufthansa au Cameroun tandis que celle de
Boeing débarque pour finaliser ses négociations avec le conseil
d’administration de la Camair-co. C’est dans cet environnement plus que malsain
que sont nommés le directeur général (le Néerlandais Alex Van Elk) et le
directeur des opérations (l’Australien Gustav Baldof). Ce dernier démissionnera
15 jours après sa prise de fonction. Il aurait été victime de tracasseries de
la part du Minfi quant à la régularisation de son contrat.
En tout cas, Essimi Menye, tient à
être le plus près possible de la compagnie, tout en éloignant au maximum ses
dirigeants. Ainsi par exemple, il organisera lui-même les travaux d’aménagement
de l’agence de Yaoundé pour lesquels il a passé illégalement de nombreux
marchés de gré à gré pour des centaines de millions de francs Cfa. Ce n’était
qu’un aperçu de ce que le nouveau Minfi était capable de faire pour mettre la
Camair-co à sac. Autre fait d’armes d’Essimi Menye, la gestion de la maintenance
du Dja. La liquidation avait décidé de garder une division de l’exploitation de
la défunte Camair. Le but visé étant la maintenance efficace et réglementaire
des aéronefs. Un organe de maintenance agréé par l’autorité de l’aéronautique
(Ccaa) avait ainsi été mis sur pied. C’est cet organe qui a entretenu le Dja
pendant plus d’un an avant le démarrage de la Camair-co et avant la grande
visite. La liquidation, après de longues prospections, avait pris des
dispositions pour que la grande visite du Dja se fasse en Arabie Saoudite chez
Abou Dhabi Aircraft Technology (Adat). Mais, nouvelle surprise du Minfi, la
grande visite du Dja se fera en Irlande chez Shannon Aerospace, sur la base
d’un contrat signé par le Minfi et Lufthansa en lieu et place du liquidateur de
la Camair ! Le Minfi préfère donc sous-traiter la grande visite du Dja au lieu
de traiter en direct avec Shannon ? Pourquoi ? Pour faire perdre davantage
d’argent au contribuable à travers les commissions engrangées par Lufthansa ?
Là n’est pas le seul couac de ce contrat visiblement léonin.
Estimé au départ à un peu plus d’un
milliard de francs Cfa, il coûtera après les travaux pas moins de trois
milliards ! Comment en est-on arrivé là ? De sources dignes de foi indiquent
que Shannon aurait facturé sa prestation à Lufthansa à 1,5 milliard de francs
et à son tour, Lufthansa en a facturé le double au Minfi, soit 3 milliards de
francs Cfa ! Une enquête devrait pouvoir déterminer le sort qu’Essimi Menye et
son complice ont réservé au surcoût d’environ 1,5 milliard engendré par
l’opération. Mieux encore, les travaux de la grande visite du Dja ne
commenceront que trois semaines après son arrivée en Irlande. De tous les
points de vue, cette opération aura coûté extrêmement cher au contribuable. On
soupçonne que c’est la peur d’être éjecté du gouvernement, doublée de son
appétit poussé aux pratiques maffieuses, qui a entraîné Essimi Menye dans une
opération aussi onéreuse et ridicule. Dans son aveuglement, le Minfi avait,
entretemps, réussi à écarter le liquidateur de la Camair et régnait en maître
absolu sur le destin de la compagnie.
Seulement, au sortir de la grande
visite, le Dja est épinglé par l’autorité aéronautique dès son atterrissage à
Douala, puisque le Minfi avait réussi à virer l’organisme agréé chargé de sa
maintenance de la Camair. C’est obligé et forcé qu’il rappelle en catastrophe
ladite équipe avant de relancer la procédure qui prendra quelques quatre mois
pour aboutir. Sorti de visite, le Dja sera de nouveau cloué au sol, contre tous
les usages de l’aéronautique civile. C’est connu, un avion qui ne vole pas,
coûte cher. Si l’intrusion du Minfi aux commandes de la compagnie nationale se
comprend difficilement, on comprend moins encore pourquoi il n’a pas décidé
d’exploiter en wet-lease le Dja au lieu de le laisser pourrir au sol. La mise
en location du Dja aurait rapporté au bas mot 1.800.000 dollars Us par mois au
Cameroun, soit pour 9 mois après sa sortie de la grande visite la rondelette
somme de 16,2 millions de dollars Us. Sans compter la maintenance active de
l’aéronef et la mise à niveau du personnel navigant. Et ainsi une meilleure
préparation du démarrage de la Camair-co. Mais, non. Tout cela a été passé par
pertes et profits. Grâce à qui ? Lazare Essimi Menye ! Chapeau bas Monsieur !
(Camerounlink)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Chers intervenants,
Vous qui réagissez sur ce site , êtes priés de respecter certaines règles ; pas de propos à caractères : racistes, tribaux, antisémites ,xénophobes et homophobes, provocant à l’encontre des autres
Le non-respect de ces règles conduira à des sanctions ; l’effacement des messages sans avertissement et exclusion définitive du site.