La plupart de nos hôpitaux publics sont toujours rongés par la corruption, malgré des années de traitement. Le virus semble résistant aux remèdes prescrits par la Conac (Commission nationale anti-corruption).
Nul ne sait si les hôpitaux publics du Cameroun guériront un
jour du virus de la corruption. Tous les services en sont affectés, y compris
la morgue, en dépit des cellules anti-corruption installées dans presque tous les établissements publics
de santé. A l’hôpital de district de Deido à Douala, certains agents font
entrer des corps à la morgue sans les enregistrer à la caisse, pour les faire
sortir plus tard contre des bakchichs. Directeur de cet hôpital, le Dr Louis
Bitan explique d’autres manœuvres concoctées par ses employés pour arnaquer les
usagers : « Ils ont créé dans leur univers des coffres V.I.P illégaux, supposés
meilleurs et facturés à 10 000 F aux familles au lieu de 7000 F. Pourtant à
Déido, tous les corps sont conservés, sans distinction, dans la même chambre
froide et au même tarif». En réaction, le Dr Louis Bitan a fait afficher sur le
babillard de l’hôpital en février dernier un communiqué qui précise que « Le
directeur de l’hôpital n’accepte pas des réductions arbitraires des frais de morgue
».
Gangrène
En septembre dernier, une vive dispute a éclaté dans cet
hôpital entre Mme Mera à Seke, en service ici depuis des années, et ses
collègues. Ceux-ci la soupçonnaient d’avoir encaissé et distrait 5000 F Cfa.
Scène surprenante puisque deux ans plus tôt, cette même Mme Mera, et sa
collègue Mme Maka, sur dénonciation de la cellule anti-corruption, avaient été
traduites au conseil de discipline pour « rançonnement des usagers », puis
sanctionnées d’une diminution de 50% de leurs primes hebdomadaires du mois de
juin 2012. Bien que le rapport de la Conac en parle, Mme Mera ne reconnait pas
sa culpabilité. En vain puisque, selon le Dr Louis Bitan, «Ceux qui sont
passibles de faits de corruption, preuve à l’appui, comme ces deux-là, sont
généralement traduits au comité de discipline. Dans le cas des deux agents
suscités, ils avaient été sanctionnés et la hiérarchie notifiée».
Personnels d’appui, infirmiers, médecins, aucune catégorie
professionnelle n’échappe à la gangrène. Une note affichée en septembre dernier
sur le tableau de l’hôpital de Deido annonce la suspension du Dr Wamba Aristide
pour pratique de corruption. «Le Dr Wamba avait créé des quittances parallèles
», regrette le Directeur de l’hôpital. « Des médecins justifient leurs actes
par le traitement salarial. Ce qui ne justifie rien du tout», assène-t-il.
L’hôpital de district de Deido n’est malheureusement pas le
seul établissement public de santé ainsi gangréné par la corruption. Le dernier
rapport de la Conac avait par exemple épinglé le personnel de l’hôpital de la
Cité des palmiers à Douala, et de plusieurs autres hôpitaux publics du pays.
Les actes décriés sont de diverses natures : détournement des recettes,
rançonnement des malades, vente parallèle des médicaments, radiographies sans
paiement à la caisse, non respect des tarifs officiels, etc.
Mesures
anti-corruption
En 2011, la Conac a lancé les initiatives à résultats
rapides (IRR) afin de lutter contre la corruption dans le secteur public. Dans
le domaine de la santé, la méthode IRR vise concrètement à réduire de 60% les
détournements de malades, d’au moins 50% la vente parallèle et illicite des
médicaments, et de 25% le délai de traitement des dossiers des nouveaux
médecins. Désormais dans plusieurs hôpitaux, un message affiché sur les murs
invite les victimes de la corruption à en dénoncer les auteurs en appelant un
numéro vert.
Des affiches recommandent aussi aux usagers de faire tous
les paiements à la caisse, et d’éviter de corrompre les médecins. «Quelque
chose a changé, à partir du moment où le personnel sait qu’on peut faire des
descentes inopinées dans les services ; qu’on peut contrôler leurs sacs, qu’on
peut contrôler les placards. Il y a un impact sur le terrain, et les malades
mêmes constatent le changement », se réjouit le Directeur de l’hôpital de
Deido. L’implémentation des IRR a permis de réduire un peu le niveau de
corruption dans certains hôpitaux des régions du Littoral, de l’Ouest et du
Centre. Ces petits pas positifs sont cependant insignifiants face à la persistance
de la corruption, un mal aux allures de maladie incurable..
Source : Camer.be
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