Comment Sarkozy a armé Boko Haram

Grâce à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui débarqua à Tripoli en novembre 2005 en se parant de l’auréole de futur présidentiable. Il était venu “pour nous vendre des armes et du matériel de surveillance”, a affirmé le cousin du Guide, Ahmed Kadhaf al-Dam, dans une interview publiée par l’Express en septembre 2014. 






“Quand il est reparti à l’aéroport, j’ai rejoint Muammar. Nous sommes sortis nous promener dans le jardin et il m’a parlé de Nicolas Sarkozy, raconte toujours le cousin. Il était enchanté du dialogue avec votre futur président.

Il admirait son enthousiasme, son ambition. La Libye, à l’époque, se battait depuis longtemps pour construire une nouvelle entité politique : les “Etats-Unis d’Afrique”. Muammar m’expliquait que nous ne pourrions jamais construire une puissance africaine autonome si nous n’instaurions pas d’excellentes relations avec la France.



Il me disait ceci : “Nous devons aider Sarkozy à devenir président. Il nous faut un ami à l’Elysée.” La lune de miel, ponctuée par le débarquement de Kadhafi et de sa tente de bédouin à Paris, va durer quelques années. Michèle Alliot-Marie ministre de la Défense, met les bouchées doubles et propose quantités d’armes au colonel.

On réussit notamment à lui fourguer des missiles antichars Milan pour 168 millions d’euros et un réseau de communication sécurisé Tetra pour sa police à 128 millions d’euros. Mais, il ne veut pas acheter le Rafale, volontairement sous-équipé en armement, et on lui refuse des équipements de vision nocturne de dernière génération qu’il voulait acquérir pour, disait-il, lutter contre l’immigration clandestine.



Pas de levée d’embargo sur les armes

Au moment de sa chute, plus de deux milliards d’euros de contrats étaient en discussion, portant sur la vente d’hélicoptères, d’un système de radars de surveillance aérienne, de chars de combat T-72, de vedettes… La plupart de ces armes ont été détruites par les bombardements franco-anglais de 2011, 
mais aucune troupe au sol ayant été déployée, on est loin d’avoir la certitude que quelques unes de ces armes, notamment les missiles Milan, ne soient pas tombés entre des mains islamistes.


Aujourd’hui, la Libye est plongée dans un effroyable chaos, avec d’un côté le gouvernement du Premier ministre Abdallah al Thinni, seul reconnu par la communauté internationale, et de l’autre un invraisemblable fatras de milices claniques de diverses obédiences, et des groupes liés à l’Etat Islamique qui étend son emprise sur le pays.

Ce gouvernement réclame à l’ONU la levée de l’embargo sur les armes, et la livraison de 150 chars, d’une vingtaine d’avions de chasse, de sept hélicoptères d’attaque, de dizaines de milliers de fusils d’assaut et de lance-roquettes et de millions de munitions en provenance d’Ukraine, de Serbie et de République tchèque.

Le 9 mars, le Conseil de sécurité des Nations Unies, à l’initiative de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, a mis en suspens sa réponse à cette demande formulée pour lutter contre le groupe Etat islamique.

Il n’est pas exclu, que ces grandes puissances, instruites par l’expérience syrienne où les armes promises aux rebelles dits modérés sont tombées aux mains des djihadistes de l’EI, y réfléchissent désormais à deux fois avant de livrer des armes dans un pays qui compte au moins un million d’armes légères sans compter d’autres joyeusetés comme des missiles sol-air ou des entrepôts d’armes chimiques.

Et cela, aux frontières immédiates de l’Europe. On espère que Nicolas Sarkozy, qui piaffe d’impatience de revenir aux affaires, saura proposer des solutions pour sortir de ce bourbier libyen.(africa24.info)

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