La nuit dans le désert, la température baisse, produisant une fraîcheur naturelle idéale pour conserver et stocker fruits et légumes. A partir de ce constat très simple, un Français a développé une technologie de production de froid pour alimenter des "greniers du Sahel".
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"La nuit, la température baisse par le phénomène du
rayonnement vers l'espace, et la rosée au petit matin n'est finalement qu'une
condensation de la température atmosphérique", explique à l'AFP Pascal
Fayet, créateur d'ITerrae, société pionnière du refroidissement radiatif.
"Restait à trouver un moyen de capter cette
condensation", dit-il. Il raconte la genèse de son projet, pour contribuer
à lutter contre la grave crise alimentaire qui frappe plus de 18 millions de
personnes dans les huit pays du Sahel, selon le dernier bilan de l'Onu.
Après leur voyage de noces en 2006 dans la région de Niayes
(Sénégal), Yasmina, ancienne chanteuse, et Pascal, ex-officier supérieur de la
marine marchande, décident d'aider les communautés villageoises à améliorer
leurs conditions de vie.
"Le problème numéro 1, c'est la faible disponibilité
des denrées alimentaires, à l'origine d'une grande mortalité infantile",
souligne Pascal, qui s'est converti en chercheur. Des projets étaient en cours
mais le maillon faible restait la production de froid.
Se plongeant dans les publications sur le
"refroidissement radiatif sur la voûte céleste", appelé aussi
"effet de serre inverse", il imagine un procédé permettant de capter
la fraîcheur de la nuit dans une réserve thermique spéciale pour la restituer de
jour dans un local où seraient entreposés des graines et produits frais.
Aidé gracieusement par deux laboratoires de spectrométrie du
CNRS, Pascal Fayet réussit à réaliser des plans pour son prototype de
"grenier du Sahel", au Burkina Faso.
20 degrés à l'intérieur
Le hangar en pisé, une terre crue séchée au soleil, est
construit en forme de voûtes de 3m de haut avec un toit de 100 m2 sur lequel
trois panneaux solaires fournissent l'énergie nécessaire à l'éclairage et la
ventilation. Le réservoir thermique est, lui, intégré au bâti. "La
température à l'intérieur est stable autour de 20° alors que dehors il fait
plus de 40°, et en jouant sur la vitesse de circulation de l'air, on peut
descendre à 15°", indique Pascal Fayet.
A l'intérieur, les productions locales, oignons, aubergines,
pommes de terre et carottes, sont entreposées sur des claies en eucalyptus
recouvertes de paille.
En guise d'isolant, l'inventeur utilise la typha, une plante
aquatique invasive. Mieux encore, il récupère les milliers de sacs plastiques
poussés par le vent dans les arbres autour des villages. "Ces sacs
comprimés fournissent un bon isolant à bulles d'air".
Ces "greniers" affichent une consommation
d'énergie zéro ainsi qu'une absence d'émission de gaz à effet de serre et de rejet
de chaleur, à la différence des systèmes traditionnels de réfrigération.
Lauréat du concours du ministère de la Recherche en 2008,
Pascal Fayet a testé son invention à plus grande échelle au Niger. "Une
structure de 900 m2 avec un faîtage de 12m et des murs en terre de 5m
d'épaisseur", se souvient-il. Mais la dégradation de la sécurité des
étrangers dans ce pays contraint les Fayet à se replier au Sénégal.
Avec l'aide de la Fondation Albert II de Monaco, le projet
peut finalement aboutir à un "grenier pilote" installé en avril
dernier dans l'éco-village de Mbakombel, à 80 km au sud de Dakar.
L'objectif ultime serait de pouvoir doter chacun des 14.000
éco-villages du Sénégal d'une telle structure, pour réduire les pertes après
les récoltes.
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