Le forum qui s’est tenu à Bamenda le 24 août dernier, en l’absence de leaders du collectif du G7, Kah Walla, Adamou Ndam Njoya et Bernard Muna, était un forum pour rien. Une foire verbale, un forum pour le plaisir de voir voltiger les mots, dans des salles à moitié vides du Ntarikon Palace.
Une réunion pour faire
fuser les concepts, et les confier au passage à des rédacteurs
monochromes, des experts qu’on croirait tous issus de germains. Le
destin de leur code électoral « alternatif » est le placard.
Au lieu de propositions qui soient des
contestations, les Camerounais attendent des propositions qui seraient
de vraies innovations. Il faut, si l’on veut lui arracher le pouvoir,
surprendre le RDPC, le prendre de court, et le G7 n’en prend pas le
chemin.
Que va-t-elle chercher dans cette galère ?
Kah Walla a-t-elle claqué la porte du SDF pour le réintégrer par la
fenêtre du G7 ? Kah Walla a du talent, celui-ci l’a portée à un niveau
de popularité respectable. Depuis lors, elle a oublié de se réinventer,
elle a sabordé les qualités les plus susceptibles de lui profiter et ne
s’est plus mise en tête que de se servir de sa notoriété, allant jusqu’à
la brader dans un concubinage inattendu avec des opposants du quatrième
âge, garantis d’époque, que les citoyens de 18 ans qu’elle veut avoir
comme électeurs ne s’attendent plus à trouver que dans les livres
d’histoire.
Ben Muna, Fru Ndi, Ndam Njoya, Garga Haman Adji, on dirait le casting
d’une croqueuse de dots : qu’a-t-elle besoin de courir leur héritage
quand elle a su se constituer un capital à la Dangote ? Son score en
trompe-l’œil à la présidentielle l’a fait douter et rejoindre ceux
qu’elle croyait au même niveau. C’est « derrière » elle (de préférence à
« avec » elle) que cette unité devait se constituer.
Une chance qu’elle n’ait pas jugé opportun de se présenter à
Bamenda ! En posant ses valises dans le G7, lentement mais surement,
surement c’est-a-dire irréversiblement, une femme de haute valeur, Kah
Walla, emprunte la pente de son déclin.
L’opposition du G7 moins 4 (Momo Jean de Dieu, Kah Walla, Ndam Njoya,
Ben Muna, ça fait un peu beaucoup) prend la peine de déguiser sous des
prétextes d’intérêt public (préservation de la paix) son ambition
pressante du pouvoir. Préserver la paix, n’est-ce pas ce que Paul Biya
fait depuis 30 ans avec plus ou mois de succès ?
Il n’y a pas deux Cameroun, celui des opposants et celui des
dirigeants, il ne peut y avoir deux codes électoraux, celui de Bamenda
et celui de Yaoundé
Le G7 n’a pas une communauté d’idéal pas plus qu’une unité d’âme : on
leur a demandé de s’unir, ils ont créé une espèce de bureau des pleurs,
est-ce la même chose ? Certes, on voit se libérer une énergie latente,
mais vaut mieux pour Kah Walla se poser auprès de l’animateur politique,
l’avocat récemment exclu, plutôt que de compter avec un cadre et un
point d’appui bâtard que lui offre ce G7 où ils ne sont même plus 7.
S’ils ne sont portés par aucun mouvement social, s’ils n’arrivent pas
à susciter une vague de sympathie, c’est parce qu’il s’agit d’une union
libre. En amour comme en politique, les Camerounais sont vieux jeu, ils
veulent des mariages, pas des « viens, on reste ». Pas plutôt arrivées
d’ailleurs, les élections feront imploser ces tractations souterraines
et ces pactes passés dans le dos des militants.
De proche en proche, on convient de la noblesse de leur combat pour
leurs idées, mais on n’en saisit toujours pas le sens : voudraient-ils
voir Etoudi appliquer leurs plans pour le Cameroun ? Le consensus est-il
atteint une fois que le code électoral est rédigé sans le RDPC ni les
autres partis de l’opposition ? Leur code électoral n’est donc pas plus
consensuel que celui du RDPC. Et puis, le consensus n’est pas
l’unanimité. Qu’est ceci dans les sociétés libres ? Il faut se
transporter en Corée du Nord pour voir un peuple qui pense à
l’identique.
L’opposition camerounaise tarde à se prêter à la loi d’évolution
Ce débat sur notre loi électorale, qui était tardif dès sa discussion
au lendemain de la présidentielle est devenu imbécile au lendemain de
son adoption par le parlement. À l’heure où tout le monde se plaint du
train de vie somptuaire de l’Etat, de sa proverbiale inertie qui
paralyse tout espoir, alors que les Camerounais craignent pour leurs
conditions de vie qui se dégradent chaque jour davantage, en pleine
hausse des prix de l’énergie et des hydrocarbures, que proposent nos
valeureux opposants ? Un forum sur le code électoral : très inspiré.
Mieux, un forum sur la paix : avec les encouragements du RDPC.
René Emmanuel Sadi a dû instruire son corps préfectoral dans la Mezam
et le Nord-Ouest de veiller à ce que rien ne vienne troubler une
réunion aussi conforme à l’obsession du gouvernement auquel il
appartient. L’opposition, dans sa recherche d’idées originales pour
occuper l’espace médiatique, doit garder présent à l’esprit que les
formules les plus simples sont les plus efficaces, les Camerounais
seront surtout frappés par les sujets qui les concernent au premier
chef, comme des propositions sur les mécanismes de péréquation des
recettes pétrolières, une revalorisation financière de la condition des
travailleurs et une vigilance plus accrue vis-à-vis des employeurs qui
ne respectent pas notre législation du travail, etc.
Le G7 parle-t-il de paix pour dire que la guerre est une option, au
cas où leur code électoral à eux ne serait pas adopté ? La dernière
chose à faire pour l’opposition c’est d’envisager la guerre, parce que
de toute manière le régime d’Etoudi y est préparé et cela consacrerait
une succession politique ordonnée. Si néanmoins le G7 est convaincu que
des Camerounais les suivraient dans la rue, qu’ils investissent cette
rue au lieu de proférer des menaces jamais suivies d’effet, au lieu de
prendre à témoin les Camerounais de leur gesticulation.
Le « code électoral alternatif » des laboratoires de Bamenda est sans objet
Il existe une belle et grande démocratie, en Amérique du nord. Dans
cette démocratie, qui plus est parlementaire, tous les sénateurs sont
nommés par le gouverneur général qui n’est rien mois qu’un monarque
délégué, nommé par la reine d’Angleterre. Dans cette démocratie qui
fonctionne, le scrutin se passe sur le mode uninominal à un tour. Et à
certains endroits, les territoires du Nunavut, les partis politiques ont
été dissous depuis plus d’un siècle. Dans cette démocratie, les
scrutateurs ne sont pas désignés par les partis politiques. Et le chef
du gouvernement y est désigné par les appareils. Elections Cameroon se
serait directement inspiré de cette démocratie, inventrice d’Elections
Canada. Le problème n’est pas les lois, mais ceux qui seront chargés du
contrôle et de l’application de ces lois, les Camerounais eux-mêmes.
L’opposition du G7-4 entend des voix qui lui disent qu’elle a été
choisie depuis le ventre sa mère, pour diriger le Cameroun. Et vu
qu’elle croit, comme les « trois jouvenceaux » de la fable de La
Fontaine, qui se moquaient d’un octogénaire, vu qu’elle croit que
l’avenir est échu parce que Paul Biya va péniblement sur ses 80 ans,
elle décrète et légifère. Cette opposition-là pratique dès à présent le
sectarisme et la sorcellerie. Après les shadow cabinets, on a droit aux
shadow pacts, et aux shadow projects.
Si l’opposition, de manière générale, indispose les Camerounais,
c’est parce qu’elle est brouillonne et, à force, pose ceux-ci en
situation de défenseurs du régime. Le G7 est trop facilement attaquable
dans ses démarches. La stratégie de la grogne n’est pas la plus
performante, la revendication des droits ne les montre pas suffisamment
conquérants. Que Kah Walla fasse donc de la politique et dise merde au
G7, en emmenant au besoin Alice Sadio de l’AFP, qui n’est pas mal non
plus.
Source : afrik.com
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