D’après un rapport de Transparency International, les pays africains sont énormément touchés par la corruption. Nombreux sont ceux qui stagnent au fond du classement:. Parmi eux, la Somalie touche le fond.Transparency International (TI) a publié ce rapport en décembre 2011 qui classe 185 pays en fonction de la perception de la corruption.
Elle a établi le
classement IPC (Indice de Perception de la Corruption) grâce aux données de
dix-sept études provenant de treize institutions indépendantes.
L’ONG a attribué des notes de 0 à 10, 0 étant le plus faible
niveau d’intégrité des pays. La grille de critère est ciblée: accès à
l’information, renforcement des lois anti-corruption, pots-de-vin au cours
d’acquisitions publiques, corruption officielle… Transparency International
insiste bien sur le fait qu’elle ne mesure pas la corruption mais sa
perception.
Transparency International insiste sur le fait qu’elle ne mesure pas la corruption mais sa perception.
Les dix pays africains les plus corrompus sont classés dans
les vingt-cinq derniers du classement.
1 – Somalie
Ex æquo avec la Corée du Nord, la Somalie prend la dernière
place du classement. Plongée dans la guerre civile depuis plus de 20 ans, la
Somalie frôle le fond avec une note de 1/10. Le peuple somalien souffre de la
famine et les différentes milices, notamment à Mogadiscio, rendent la vie
insupportable pour la population. Un groupe d’observation des Nations Unies a
affirmé que de nombreuses aides alimentaires ont été siphonnées par différents
groupes armés. En janvier 2011, le gouvernement a voulu lancer une campagne
anti-corruption dans l’administration sans grand effet. Tant que la situation
géopolitique s’aggravera d’année en année, la Somalie ne parviendra pas à se
débarrasser de la corruption et sa note continuera de se dégrader (chute de 0,1
point par rapport à l’ICP 2010).
2 – Soudan
Le Soudan a été sectionné en deux officiellement le 9 juillet
2011 avec l’indépendance du Sud-Soudan mais un seul et unique IPC a été
calculé. Ravagés par la guerre, ces deux pays souffrent de la corruption.
Principalement utilisée par les fonctionnaires, elle affaiblit l’administration
et rend le budget laxiste. Aucun accès à l’information gouvernementale n’est
proposé au public et les gouvernements se gardent bien de les filtrer.
Seulement une institution anti-corruption a été mise en
place dans chacun des pays. Le Sud-Soudan a créé la commission SSACC en 2006.
Elle n’avait aucun pouvoir de poursuite mais le gouvernement a assuré qu’elle
aurait un nouveau statut courant 2011/2012. Cette année, les généraux de
l’armée Sud-Soudanaise ont rencontré la SSACC afin de déclarer leurs revenus et
leurs actifs. Les comptes de forces armées n’avaient pas été vérifiés depuis
2005. Un premier pas dans la lutte contre la corruption, reste à savoir si
cette enquête portera ses fruits.
3 – Guinée Equatoriale
Teodoro Obiang Nguema est considéré comme l’un des chefs
d’Etat les plus riches au monde. A la tête de la Guinée Equatoriale depuis
1979, il prépare son fils Teodorin à prendre la relève. La famille
présidentielle est réputée mondialement pour ses frasques. Ministre de
l’Agriculture et des Forêts, vice-président du parti au pouvoir, Teodorin fait
l’objet de plusieurs enquêtes de blanchiment d’argent et de corruption aux
Etats-Unis, mais aussi en France et en Espagne.
Le Sénat américain soupçonne un détournement de plusieurs
milliards de recettes pétrolières nationales transférées sur un compte
off-shore contrôlé par Teodoro Obiang Nguema. L’affaire des biens mal-acquis,
très médiatisée, a été impulsée par une plainte de Transparency en ce début
d’année et le fils du président est encore une fois dans le viseur de la
justice. Mi-février, son appartement parisien a été perquisitionné: au total
plus de 2.000 m² et de nombreuses œuvres d’arts.
4 – Burundi
Phénomène social très répandu, la corruption s’est infiltrée
dans tous les domaines, de la politique à la santé et la confiance dans l’Etat
ne cesse de se détériorer. En février 2012, l’Union Européenne a demandé
officiellement l’indépendance de la justice au gouvernement burundais. Le
militant anti-corruption Faustin Ndikumana a été écroué deux jours avant cette
annonce et il a été relâché quelques temps après.
Cette année, le gouvernement a sollicité l’aide de la
Transparency International pour lutter contre la corruption. Au Burundi,
l’accès au soin est mis à la mal à cause de la corruption. Fin février, le
deuxième vice-président Gervais Rufyikiri a recommandé la création de comités
de contrôles de l’état de la corruption dans les hôpitaux et au ministère de la
Santé publique.
5 – Libye
Ce pays est l’unique Etat du Printemps arabe de ce Top 10.
Il a perdu 22 places par rapport au classement précédent. Après la chute de
Mouammard Kadhafi, les milices ont pris le contrôle de la Libye et torturent en
toute impunité. De nombreux villes et villages possèdent leur propre groupe
armé. Ces différentes milices s’affrontent pour contrôler les routes et
carrefour qui sont de véritable source de revenus. Elles imposent amendes,
taxes diverses et droit de passage aux automobilistes. Le Conseil National de
Transition élu fin 2011 va devoir faire ses preuves tant dans la lutte contre
la corruption que dans l’encadrement de ces milices.
6 – République Démocratique du Congo
La corruption est profondément ancrée dans la société en
RDC. Selon l’économiste congolais Oasis Kodila Tedika, 55% des recettes du
trésor public se volatilisent à cause de la corruption. Comme il le souligne,
elle s’est inscrite dans les mœurs et touche la population à tout moment du
quotidien.
Oasis Kodila Tedika prend comme exemple phare la situation
des transports en RDC, conséquence directe de la corruption sur l’économie
congolaise. Les taxis et taxis-bus sont contraints de payer régulièrement les
forces de l’ordre pour pouvoir circuler : pour un simple contrôle de véhicule
ou un droit de passage. 8% des recettes journalières sont prélevées, ce qui
constitue une perte pouvant aller jusqu’à 60% de leur revenu moyen. En plus des
retombées économiques, ce phénomène influe sur le trafic et crée un déséquilibre
sur les transports en commun: embouteillages, contournements d’itinéraires…
7 – Tchad
Bien que la corruption soit encore présente, le Tchad est le
seul pays à progresser: il monte de deux rangs par rapport au dernier
classement avec le faible score de 2 points. Cependant, tout est loin d’être
acquis. Depuis 2011, le gouvernement tchadien a lancé une campagne
anti-corruption dirigée par le ministère du Contrôle d’Etat et de la
Moralisation. Trois membres du gouvernement sont tombés pour la passation
douteuse d’un marché de fournitures scolaires ayant couté 2 milliards de francs
CFA, soit environ 3 millions d’euros.
Nouveau rebondissement en cette année 2012. Fin février, le
ministre chargé de ce ministère tombe lui aussi pour corruption. Il aurait
détourné des milliers de dollars destinés… à la lutte contre la corruption.
Arrêté, il nie être responsable de ce détournement. Selon une source policière,
Ahmadaye Al Hassan aurait dérobé environ 360 millions de francs CFA, soit près
de 550.000 euros.
8 – Angola
Ex aequo avec le Tchad, la RDC et la Libye, l’Angola tient
la 168 ème place. Après 27 ans de guerre civile, la corruption est ancrée dans
tous les domaines. En 2011, 70% de la population survivait avec moins de 2€ par
jour. Pourtant, l’Angola est l’un des premiers producteurs de pétrole et
Luganda, sa capitale, l’une des plus chère à vivre. José Edouardo Dos Santos
est au pouvoir depuis plus de 30 ans, nomme son vice-président ainsi que les
membres de la Cour Constitutionnelle, validant les lois. L’un des signes
flagrant de corruption est une loi abrogée en 2010. Elle stipule que «toutes
les terres appartenant à l’Etat peuvent être attribuées à des particuliers en
fonction de projet d’intérêt national».
L’une des figures de la lutte contre la corruption est
Raphaël Marques. Ce militant pour les droits civiques et journaliste
indépendant, a créé l’ONG Maka Angola pour lutter contre la corruption dans son
pays. Il a également réalisé une enquête démontrant comment l’Angola est devenu
le site de transactions commerciales douteuses.
9 – Guinée
En 2006, c’était le pays le plus corrompu d’Afrique et le
quatrième du monde selon le classement IPC. Depuis, d’autres pays se sont
incorporés au classement et la Guinée stagne toujours entre la 160ème et la
164ème place. Malgré tout, son indice a augmenté et se tient aujourd’hui à 2,1
point, toujours loin derrière le Botswana, premier pays africain avec 6,1/10.
10 – Zimbabwe
Avec un indice de le Zimbabwe est l'un des pays qui a le
plus régressé avec une chute de vingt places par rapport à l'année précédente.
L'instabilité du pays, l'inefficacité du système judiciaire sous la pression du
pouvoir exécutif, le manque de transparence, le non-respect des droits des
femmes, les listes électorales gonflées de centenaires décédés, la corruption
est omniprésente et sévit à tous les niveaux. En 2009, un rapport commandé par
l'ONU intitulé Zimbabwe, les diamants et le mauvais côté de l'histoire est
publié. La corruption et le non-respect des droits de l'homme y ont été
dénoncés. Les troupes militaires ont pris le contrôle des mines, chassé les
mineurs et forcé la population locale à y travailler. Un embargo sur les
diamants a été érigé puis levé en 2011. Ces «diamants de sang» continuent de se
vendre sur les marchés.
D'abord Premier ministre en 1980, Robert Mugabe a été élu
président du pays en 1987. Depuis, il conserve durement sa place de leader. En
2008, il perd la majorité parlementaire mais réussi à conserver son poste avec
le retrait de son opposant Morgan Tsvangirai, sous pression. Alors même que la
pauvreté et le choléra ravage le pays, Mugabe ne lésine pas sur les moyens pour
se faire plaisir, 750.000€ pour ses 88 bougies. Et à chaque anniversaire, ses
partisans n'hésitent pas à collecter quelques dons de la part des entreprises.
Source : slateafrique
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