Le temps d’une exposition, le Palais de Tokyo à Paris veut faire voler en éclats les frontières entre les territoires artistiques et les mondes parallèles. Une partie de « Bord des mondes » est consacrée à la Sape (Société des ambianceurs et personnes élégantes), mouvement né dans les années 1920 au Congo.
Couleurs criardes, costumes de créateurs, les « sapeurs »
prônent l'élégance en toutes circonstances. Mais la Sape n'est pas que du
m'as-tu-vu. Une dizaine de disciples venus de Kinshasa et de Brazzaville l'ont
prouvé. Ils ont défilé à l'ouverture de l'exposition.
Les cheveux en pétard, Sisloko, alias Capitaine, arbore un
manteau fabriqué avec des nounours rouges, jaunes et verts. Il considère la
Sape comme une vraie religion. « J’intercède pour les sapeurs, surtout pour
ceux qui ne savent pas s’habiller. J’essaie à accorder et à chasser tout esprit
qui anime les gens d’être mal vêtu. »
Une question de dignité
Cette religion, Fayçal la vit au quotidien. Pour cet
électricien, c'est une question de dignité. « Moi, chaque fois quand je sors,
je suis obligé d’être bien habillé. Chez moi, je peux rester tranquille, mais
dès que j’affronte les regards des autres, je dois montrer que je suis fier de
moi. » Les sapeurs sont aussi bien connus, et parfois critiqués, pour adorer
les marques de luxe. Un temps révolu selon Yves Sambu, conseiller de
l'exposition : « les sapeurs s’expriment autour des matières biodégradables.
Par exemple, il y a un sapeur qui s’habille avec du papier. »
« La Sape est une religieuse »
Des sapeurs aujourd'hui écolos, cela n'étonne pas Rebecca
Lamarche. La commissaire de l'exposition assure que la contestation est au cœur
de ce mouvement. « La Sape est une religieuse qui veut aussi que le sapeur soit
quelqu’un qui pense et qui est engagé. Donc c’est une forme de résistance
politique par rapport à sa condition. »
Certains sapeurs vont jusqu’à critiquer publiquement les
autorités de leur pays. Dans une vidéo diffusée sur Internet, Norbat de Paris
dénonce la corruption au Congo-Brazzaville. Il n'a pas eu le droit d'y
retourner pendant six mois.
Source : Jeuneafrique
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